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n phare au milieu de nulle part, habité par un homme que nul n'a jamais vu, pas même les marins chargés du ravitaillement. La solitude depuis toujours. Comment fait-il donc pour la supporter, de quoi est donc faite sa vie ? Que lui reste-t-il donc en plus de son imagination ?
Chabouté est coutumier des récits en noir et blanc plein de poésie et d'humanité. Après Construire un feu, adaptation colorée d'une nouvelle de Jack London à la narration extérieure, l'auteur retourne à ce noir et blanc épuré qu'il maîtrise à la perfection, parfaitement adapté pour un récit à nouveau très contemplatif et presque muet. Mais cette fois, point de narrateur, les seules paroles prononcées sont le fait des personnages.
La cadence de l'histoire ainsi que le découpage des planches plongent le lecteur dans le récit, au rythme des vagues qui se succèdent invariablement au fil des jours et des semaines. Le trait est plus vif et rude que dans Construire un feu, brut et tranchant comme la solitude vécue par ce personnage isolé dans son phare. Le dessin est beau. Beau comme l'océan infini, comme un paysage tranquille et loin de tout. Beau comme le cœur de certains hommes dont on ne soupçonne parfois pas les qualités. Les plans obéissent à la plus grande logique, suivant le regard d'un personnage, le vol des oiseaux ou le sillage d'un bateau.
Le récit a beau nous plonger dans le silence et l'observation, ce n'est pas pour autant que la BD, dense avec ses 368 pages, se lit vite. Au contraire, on se surprend à passer du temps sur chaque case, avançant doucement mais sûrement, telles les mouettes planant au-dessus de l'eau, se laissant porter par le mouvement des vagues. Avec Tout seul, Chabouté signe un récit fort et sublime, graphiquement abouti, où résonne une grande bonté. Une œuvre qui pourrait devenir incontournable dans un avenir proche.
>>>> Découvrir la preview de Tout Seul
Chabouté est un auteur que j'aime bien. J'ai presque acquis la majorité de ces oeuvres. Celle-ci est étonnante à plus d'un titre. C'est un gros pavé qui se lit pourtant très rapidement car il y a une succession de plans presque comme dans une bd muette.
Cependant, on peut que s'émerveiller devant une telle maîtrise des plans et de son trait si caractéristique qui s'est encore amélioré. La narration est quasi-parfaite et il y a véritablement des trouvailles qui permettent d'élever toujours et encore le niveau actuel de la bande dessinée.
Chabouté s'éloigne progressivement de ses oeuvres fantastiques pour nous livrer une chronique sociale d'une réelle beauté et d'un très beau message.
J'ai surtout aimé la façon dont est construite cette oeuvre. La curiosité d'un jeune marin-pêcheur va bouleverser la vie d'un gardien de phare isolé dans l'océan. Comment occupe t'il ses journées ? Tout simplement grâce à son pouvoir d'imagination au travers des mots qu'il pointe dans un dictionnaire sous le regard attendrissant de son poisson rouge.
Et puis, il a su créer une véritable ambiance. On s'y croirait au milieu de l'océan avec ses vagues qui éclatent contre le rocher du phare. C'est d'une spontanéité qui permet au lecteur de vraiment ressentir une émotion hors du commun. Un seul mot : bravo !
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5
J'aime beaucoup ce que fait Christophe Chabouté, que j'ai découvert sur le tard. Je ne l'ai donc pas pratiqué dans l'ordre chronologique.
Je lis aujourd'hui ce '' Tout seul'' qui me laisse béat d'admiration.
Cet être difforme qui s'invente le monde avec les mots du dictionnaire, ces marins rudes qui sont au fond de braves gens, ces plaisanciers du dimanche qui sont eux bien peu intéressants.
Le découpage de ce livre est parfait de poésie. Quand on voit ce qu'est le monde, on regrette presque la décision que prend le Héros de cette histoire. Un gros coup de cœur.
Une oeuvre originale, quasiment muette, où le dessin de Chabouté explose toutes les cases! Une immersion totale.
Je regrette juste le format trop réduit de l'album....
A découvrir absolument. Vraiment captivant!
9/10
Pour tous les passionnés : un autre passionné est en train de préparer un projet de film à partir de cette magnifique BD. Le réalisateur vient de lancer une opération de crowdfunding pour donner vie à cette magnifique histoire.
Tout est expliqué sur http://www.kisskissbankbank.com/tour
N'hésitez pas à donner un coup de pouce
Un chef d’œuvre !!
Je reste sans voix devant tant de beauté, de maîtrise pour faire passer les émotions,…c’est magnifique, quelle poésie !
L’auteur, grâce à une foule de détails très réalistes et à un texte restreint, arrive à nous plonger par la seule force des images, dans la solitude d’un être difforme isolé dans un phare, au milieu de nulle part.
Pour un peu, on aurait presque envie de rencontrer cet ermite tant son vécu est touchant.
L’immersion atteint ici, des sommets. J’ai presque entendu les vents de la mer, le bruit des vagues, le cri des goélands,...Le tout en noir et blanc.
De la très grande BD à posséder et à ranger chaudement auprès des meilleurs Comès.
Merci Mr. Chabouté
D'après les magazines spécialisés en bandes dessinées, , la sortie d'un "Chabouté" reste toujours un évènement exceptionnel .
Je ne connaissais guère l'oeuvre de Chabouté. J'avais seulement lu et surtout apprécié son Purgatoire, paru il y a quelques années.
La première chose que l'on retient de cette bd est... son prix, 25 euros, ce qui peut paraître assez rédhibitoire pour beaucoup.
Pourtant, cet album vaut vraiment le coût !
Depuis que je l'ai acheté, je l'ai lu deux fois et cette bd reste sur ma table de chevet, simplement pour admirer, de temps à autre, la beauté des planches.
Car tout le talent de Chabouté est là, il sait maintenir l'attention du lecteur sur une histoire qui se déroule... d'ailleurs où se déroule-t-elle, puisque le "dahlia"(le bateau de pêche) ne possède aucune immatriculation ? L'action se passe-t-elle au large d'Ouessant, voire vers l'Ile de Groix ou encore vers la Rochelle ? Nul ne le sait, et c'est d'ailleurs ce qui m'a touché car cette histoire appartient à tout le monde, c'est à dire qu'elle n'appartient à personne.
J'ai, je l'avoue, un penchant pour le noir et blanc en bande dessinée, et là, je suis gâté. Des superbes planches, souvent muettes (d'ailleurs les 366 pages se lisent très vite) sont réunies autour d'un personnage central... Non il ne s'agit ni du pêcheur repenti (tiens ! c'est marrant c'est presqu'une parabole...), ni du personnage mystérieux surnommé "Tout seul" mais du phare, lui-même, "un navire de pierre immobile, un bateau de granit qui ne tangue pas..."
Une histoire touchante de solitude, d'exclusion et de solidarité.
Lisez le...
Avec un noir et blanc type nouvelle vague, Chabouté me fait penser à Godard ! Les planches sont construites comme autant de plans cinématographiques travaillés à l'extrême où les regards jouent un grand rôle. Tout commence par la mer et le vol d'une mouette qui se pose sur un phare. Un phare ravitaillé par un capitaine et son jeune et taciturne matelot pour nourrir un homme qui est y est né infirme et ne l'a jamais quitté. Chabouté nous plonge progressivement dans l'intimité de cet ermite surprenant. Un lien ténu va progressivement se nouer entre le jeune matelot et l'occupant du phare. La fin belle et surprenante laisse le lecteur surpris et ému par ce récit dont les deux dernières planches très symboliques, sont à l'opposé des première ... A lire comme un roman parfaitement dessiné..
Cela faisait très longtemps que je n'avais pris autant de plaisir à lire ou plutôt à découvrir (car il y a très peu de textes) une BD.
Chabouté réussi l'exploit de nous raconter une histoire simple mais avec tant d'émotions grâce à son dessin N&B, l'enchaînement des cases : cette BD ne se lit pas , elle se regarde comme un film tellement, même sans texte, la suite des cases s'enchaîne naturellement. Chaque case ajoute un détail supplémentaire pour compléter l'histoire.
Seule une BD peut, je pense, traduire avec autant de force l'histoire que l'auteur a voulu raconter.
Mais que ferait-on si on était condamné à demeurer seul depuis toujours sur un
phare au milieu de la mer? C'est la question que se pose Chabouté en mettant en
scène une solitude criante d'émotion, un être qu'on pourrait croire à prime abord
dépourvu de tout puisque seul. et puis, on découvre l'imaginaire, l'espoir, la vie...
Un bel opus, presque muet. Chabouté sait si bien faire dans ce genre. Un très beau
moment à passer dans le presque silence. On referme, repus et ému.
Bravo!
Que dire de cet album de Chabouté, si ce n'est que l'auteur part une nouvelle fois d'une bonne idée, mais qu'elle est finalement assez mal exploitée ?
Après le correct Construire Un Feu, mutique, Chabouté se montre partagé entre l'idée de ne rien montrer, de ne rien dire, pour laisser l'imagination seule du lecteur faire la différence. Mais le penchant humain de l'auteur prend le dessus, pour donner corps et âme à ce personnage marginal...
Le problème majeur réside dans cet entre-deux: le dessin de Chabouté a déjà été plus inspiré, plus puissant (Zoë, Sorcières, Pleine Lune ou La Bête par exemple), et le scénario, qui tient sur une demi ligne, n'a rien d'enthousiasmant. Rien n'est suffisamment mystérieux ou émouvant pour emporter l'adhésion.
Une déception.
Je n'ai jamais mis la note maximum, mais là...
Cet album est, pour moi, un chef d'oeuvre: c'est tellement bien raconté, dessiné, exprimé!
On se sent perdu au milieu de l'océan, le temps qui passe a un poids, une densité que, personnellement, je ne vis plus très souvent: plus le temps de l'ennui... plus assez de temps pour imaginer.
On croirait entendre le bruit des vagues, les cris des oiseaux que traîne le bateau, on croirait sentir l'odeur de la pêche, on vit au rythme du bruit sourd, qui fait naître dans la tête des myriades d'images inattendues, poétiques, drôles...
Cette histoire est aussi un merveilleux hommage à ceux à qui il faut un courage exceptionnel pour affronter le regard des autres!
Je viens de refermer ce livre ... c'est énorme !
ça m'a pris aux tripes comme c'est pas possible et ça m'a donné les larmes aux yeux...
Tellement de finesse, de poésie, d'humanité, de tendresse ...
La BD amenée à un niveau exceptionnel...
Ne surtout pas s'arrêter au Noir et Blanc et aux nombreuses pages sans bulle, et se laisser embarquer dans ces 370 pages magiques.
A lire abolument
Chabouté est définitivement le maître du N&B pour moi