Détrôné par les Rouges au cours d'une grande révolution populaire, l'ancien haut fonctionnaire président Gaude s'est réfugié dans son repère souterrain et prépare une vengeance dont Gabi et Virgine seront bien malgré eux les instruments. Acculés, ils quittent Béton pour découvrir un monde extérieur ravagé par quarante années de guerre.
C'est un sacré tournant que prend ici cette série après deux tomes dont l'action ne dépassait pas les limites de la ville. Et c'est bien là le problème. Alors que nous attendions des éclaircissements sur quelques points restés obscurs, tels que l'attitude pour le moins surprenante de certains personnages, Astier nous lance sur de nouvelles pistes. Dès lors, le mystère plane plus que jamais sur les différents protagonistes d'une histoire qui semble ne pas avoir livré tous ses secrets. C'est pourtant bien le mot FIN qui clôture cet album et par là même ce triptyque. Les explications tant attendues ne viendront donc pas. Pire, de nouvelles interrogations viennent s'ajouter: qui sont ces milices qui parcourent le pays? Qui est Folie? Et surtout que veut dire le Lion blanc? Mystère…
D'un point de vue purement visuel, c'est aussi la déception. Alors que le deuxième volume brillait par son ambiance particulière, ses cadrages vertigineux et ses superbes couleurs, celui-ci déçoit par son manque de fluidité, ses fonds blancs qui font perdre aux planches de leur force et un trait parfois imprécis. Bien sûr, le talent d'Astier transparaît toujours à certaines occasions et l'atmosphère rouge sang du Nine guns' Bar, par exemple, est très réussie. Mais la qualité n'est pas constante et nombre de planches se révèlent décevantes.
Il est difficile de porter un jugement sur la série dans son ensemble, tant elle alterne les bonnes et les mauvaises surprises. Peut-être faut-il tout simplement la considérer comme l'œuvre de jeunesse d'un auteur au talent indéniable mais qui doit gagner en rigueur et s'améliorer dans l'art difficile de terminer une histoire en beauté. Avec Cirk, Astier a su créer un univers original et des personnages attachants, mais il a certainement voulu insérer beaucoup trop d'éléments dans son récit, plus que trois albums au format traditionnel ne le permettaient. D'où cette impression que tout n'est qu'effleuré, une impression également due au style graphique d'Astier qui fait la part belle aux plans larges et aux silences. Sans doute serait-il plus à l'aise sur un nombre plus important de planches.
Il faudra de toute manière suivre de très près la carrière de ce dessinateur dont le style ne demande qu'à s'affirmer.
Ben je suis décu. Bien décu, même. Le dessin en lui-même reste pas mal du tout, avec des plans larges assez réussis (la vue a la fin mais chuuuut...), la bar tout en rouge,...) mais les planches dans leur ensemble, je les trouve moins bien construites. Il n'y a plus de fonds noirs, remplacés par de larges espaces blancs entre les cases. Il n'y a plus autant de doubles pages et de vues impressionnantes, plongeantes...
Niveau scénar, c'est aussi moins bon. Le T2 instaurait un certain suspens et les révélations ne sont pas à la hauteur. Et tout n'est pas expliqué, on reste vraiment sur sa faime. Au lieu de trouver une explication en interne, les persos s'enfuient et quittent la ville de Béton pour découvrir un monde extérieur en pleine guerre civile ou un truc du genre. On se retrouve dans ce monde bizarre, avec des persos bizarres dont on ne sait rien et puis paf! c'est la fin. On a rien compris et on l'impression que rien ne s'est passé. On ne sait pas pourquoi les choses se sont passées comme ca...
En fait, on a l'impression qu'Astier a voulu tester beaucoup de choses avec cette série: c'est comme un laboratoire. Et dans un laboratoire, on essaye, on réussit certaines choses (le T2) et on fait des erreurs (le T3). Reste a espérer qu'il en retirera le meilleur pour la suite de sa carrière que je suivrai de très près. Parce que son trait est quand même très beau.