D
ans la petite bourgade de Cambeyrac, en Aveyron, la guerre occupe tous les esprits, mais la vie ne s'arrête pas pour autant : pastis en terrasse et partie de boules devant le café, la vie pourrait être plus dure... C'est sans compter sur l'ordre de mobilisation, qui envoie tous les jeunes gars du coin au massacre, et les incursions de l'armée allemande dans les rues du village, qui ont vite fait de rappeler la population à une triste réalité.
Ainsi se déroule le fil de l'histoire, entre l'obstination de certains à ignorer le conflit et la volonté d'autres à y prendre une part active. Les habitants de Cambeyrac s'en trouvent divisés, entre ceux qui attendent l'arrivée des Alliés avec impatience et ceux qui ne cachent pas leur sympathie pour la cause de l'occupant. À l'image de tout un peuple et chacun à leur manière, tous s'engagent dans une lutte fratricide qui voit les camarades d'antan s'opposer les armes à la main. Dans ce contexte pour le moins délicat, Julien tente d'écrire sa propre histoire. Déserteur, il se réfugie dans un pigeonnier avec vue sur la place, se faisant le témoin privilégié des débats entre villageois. Pourtant, de son nid d'aigle, c'est surtout la belle Cécile qu'il observe, elle qui, dans sa jolie robe rouge, illumine ses journées par ailleurs bien monotones.
Greffer une romance à un récit historique aux accents politiques très prononcés, voilà un exercice très classique mais périlleux dans lequel Gibrat se montre à son avantage. Soucieux de détailler le caractère de ses personnages par de longs textes joliment tournés ou de belles réparties cinglantes, l'auteur renforce constamment la crédibilité des situations et l'attachement – ou au contraire le dégoût – que le lecteur éprouvera sans doute envers les protagonistes d'un récit aux allures de drame.
L'éloge ne serait pas complet sans évoquer le dessin de Gibrat. Fin et élégant, il s'accompagne d'un large panel de couleurs lumineuses et bien dosées pour peindre des paysages qui, des ors de l'automne au blanc de l'hiver, rivalisent de beauté. La représentation des personnages, bien typée mais se gardant des clichés, ne se départit pas d'un caractère quelque peu figé qui pourrait être reproché à l'auteur. Mais une telle réserve paraît dérisoire devant tant de charme. En la personne de Cécile, Gibrat ne sera-t-il pas parvenu à créer une héroïne qui, loin de la figure classique de la femme fatale, aura su marquer durablement l'esprit d'innombrables lecteurs ?
À l'heure de fêter les vingt ans de sa collection de prestige, Dupuis ne pouvait décidément pas passer outre une série culte qui a donné à son créateur une nouvelle dimension. Alliant avec classe un fond historique superbe de réalisme et une fiction qui sait faire preuve d'une juste retenue dans le romantisme, Le sursis a certainement sa place au pinacle de la bande dessinée contemporaine.
Gibrat offre avec "Le sursis" une œuvre complète tant sur le plan historique, scénaristique et graphique. C'est beau, c'est riche et fourni, c'est sexy aussi car Cécile est un personnage féminin très réussi aussi bien dans sa personnalité discrète que ses courbes qu'elle dévoile très sagement. Il y a de l'humour, de la tension, de l'action, tout est réuni pour passer un bon moment. Gibrat montre ici tout son talent de scénariste et de dessinateur. Même si la fin fait preuve d'une augure un peu déconcertante, le dessin reste d'une qualité indéniable, dans les détails, les décors, les personnages, mais aussi la couleur. "Le Sursis" reste une œuvre de BD majeure, il retranscris à merveille le passé dans une fiction prenante. Un must to have.
C'est l'histoire d'un déserteur durant la période d'occupation de la France par les nazis. Julien devait fuir pour éviter le camp de travail en Allemagne. Il va vivre un véritable sursis en sa cachant dans un grenier dans le village où il a vécu. Il observe ainsi sa fiancée Cécile qui le croît mort. Ce scénario à partir de faits simples va être très prenant. On va avoir véritablement peur pour Julien qu'il ne soit découvert avant la fin de la guerre.
Le dessin de Gibrat est une pure merveille proche de la perfection en la matière. Ces illustrations sont d'une pure merveille graphique. L'auteur maîtrise parfaitement toutes les techniques liées à la couleur pour retranscrire une certaine ambiance.
Toute une histoire passionnante avec un scénario aussi mince! Il y a du génie dans cela. On comprend également toute la portée du titre qu’à la fin de l’histoire. Nous avons là un diptyque terriblement efficace. Le succès qu'avait rencontré cette bd est largement mérité. C'est le summum de ce qui se fait de mieux dans le monde de la bande dessinée. Attention, chef d'oeuvre!
Note Dessin : 5/5 – Note Scénario : 4/5 – Note Globale : 4.5/5
Gros classique de la collection Aire Libre réalisé par un auteur majeur de la BD, Jean-Pierre Gibrat dont je ne connaissais pas l'oeuvre, il était grand temps pour moi de découvrir tout cela.
C’est chose faite et effectivement, c’est superbe. L’histoire sur fond de guerre est passionnante, avec une bonne touche de sentimentalisme, mélancolie et de poésie qui servent à merveille l’ambiance de ce petit village aveyronnais.
Les personnages sont extra, avec une forte personnalité et la narration est plus que parfaite.
Les dessins et couleurs sont sublimes et représentatifs de ce que j’aime en BD.
Un diptyque à lire bien évidemment.
Qu'ajouter aux critiques qui me précèdent ? cet album est un must de sensibilité, les caractères des personnages sont ciselés, l'ambiance seconde guerre, village, résistance, parait à portée de doigts, les dessins sont des œuvres d'art... Et que dire des textes, soignés, précis, dans un français impeccable ...A consommer sans modération (comme tous les Gibrat !), un chef d'œuvre!
Tout ou presque a été dit....Dessin et scénario excellents....Très bon rythme et découpage... Cécile est irrésistible, Julien et les aveyronnais inénarrables....Il fallait trouver "la Stalinette"...Gibrat l'a fait....Ce diptyque, une véritable jouissance de l'esprit...
Je viens de découvrir l'intégrale (avec, dans le même temps, la 2nde partie : le vol du corbeau).
Comment ai-je pu passer à côté de ces albums sans les voir alors que j'achetais, à l'époque de leur parution, des albums insipides n° 8, 12, 49 ou 2359ème de séries X ou Y ?
Le graphisme est remarquable, la colorisation façon aquarelle se démarque de tout ce qui se fait actuellement.
Reste l'histoire. Tout a été dit dans les avis précédent.
Il faut absolument lire ces albums. Les livres ont même une odeur d'encre et de papier très différente des autres bd. L'ensemble est un pur régal.
En 1943, Cambeyrac dans l’Aveyron est un village qui d’ordinaire vit paisiblement au rythme des parties de pétanque et des rires au bistrot du village. Mais les temps sont troublés par la guerre qui ne manque pas de rappeler aux habitants sa triste réalité.
la suite :
http://bdsulli.wordpress.com/2012/01/17/le-sursis-2/
Le dessin de Gibrat peut paraitre déjà vu, mais cet album est magnifique. De l'histoire d'amour aux personnages tout y est merveilleux. A lire et à relire.
Indispensable
Voici une très belle intégrale avec de superbes croquis en annexe. Je ne connaissais pas Jean-Pierre Gibrat et je dois avoué avoir été conquis surtout au niveau du dessin. Un dessin très réaliste, on croirait avoir affaire à des photos par moment. Au niveau du scénario, petite déception : un peu trop huis clos à mon goût et pas vraiment de surprise, on devine l'issue de l'histoire. Il y avait certainement moyen de faire mieux en un seul tome. Dommage...