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tats-Unis, dans la Guerre de Sécession. Pour le lieutenant Travis Parham, chaque jour est une boucherie où il voit ses hommes tomber les uns après les autres. Blessé à son tour, il devra son salut à Caleb, un ancien esclave qui a acheté sa liberté ainsi que la ferme qu'il cultive à la sueur de son front. Après de nombreux mois passés en compagnie de son sauveur et sa famille, Parham part pour la Frontière. Deux ans plus tard, il découvre que Caleb, sa femme et leurs enfants ont été massacrés par des hommes cagoulés. Il n'aura alors de cesse de retrouver les assassins de celui qui fut son ami. Sa route croisera celle d'un expert es-vengeance : le Ghost Rider.
La volonté de corriger l'injustice n'appartient pas à l'époque moderne. Rien de surprenant alors de retrouver le Ghost Rider à une période troublée de l'histoire américaine, à ceci près que le biker laisse la place à un cavalier chevauchant un destrier aux naseaux de feu. Garth Ennis avait la lourde tâche de faire oublier les précédents albums et notamment le décevant Cercle Vicieux. Le contrat est rempli avec un scénario à la hauteur du personnage, en proie au doute et aux contradictions face à sa mission. La transposition à une autre époque se révèle vite bénéfique car elle permet d'aborder d'autres aspects du mythe du Ghost Rider et notamment le processus qui mène à la haine et le désir de revanche. L'auteur délaisse complètement le personnage connu pour en créer un autre. La bonne idée est d'avoir utilisé Parham comme acteur principal de l'intrigue et de développer autour de lui le chemin qui va l'amener à renoncer à ses principes, en mémoire de celui qui était devenu son ami. Le récit se présente comme un très bon western à l'ambiance très noire où chaque page voit Travis se rapprocher de la damnation. Le Lieutenant sudiste va traquer un par un les hommes responsables du massacre de cette famille noire, mais alors qu'il approche de son but, il découvre qu'il n'est pas le seul à poursuivre cet objectif. Ami ou ennemi, cet étrange cavalier le devance à chaque fois.
Ennis a imaginé une histoire où le processus prime sur l'action, donnant ainsi une profondeur au personnage du Ghost Rider qui se révèle plus sombre que jamais. La volonté de l'auteur de minimiser l'aspect fantastique se révèle être un atout supplémentaire au service du récit qui peut alors explorer la face sombre de la nature humaine.
L'autre aspect remarquable de La Vallée des Larmes est le dessin extraordinaire de Clayton Crain qui avec une mise en couleurs proche de l'aspect photo et une grande finesse de trait parvient à rendre vivant chaque personnage. L'ensemble joue sur les ambiances nocturnes afin d'être le plus fidèle possible à l'ambiance instaurée par le scénario d'Ennis. Chaque case transpire les ténèbres, et les morts sont dignes des meilleures représentations de zombies. Les seules couleurs vives sont celles inquiétantes et effrayantes qui accompagnent Ghost Rider et sa monture.
La Vallée des Larmes est une grande réussite car son auteur n'a pas hésité à rompre avec les codes imposés par le passif de la série pour imaginer un Ghost Rider, plus réaliste, plus noir mais tout aussi torturé. La présence forte d'un personnage secondaire est un atout parfaitement maîtrisé dans cette intrigue menée d'une main de maître du début à la fin.
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