P
aris, sous l'occupation. La vie suit son cours, chacun s'accomodant comme il le peut de la présence allemande. Pour certains, c'est une révolte étouffée. Pour d'autres, l'occasion de faire quelques profits non négligeables. À mesure que le régime nazi prend ses quartiers dans la capitale française, allant toujours plus loin dans la stigmatisation des Juifs, un marché noir étend ses ramifications et les transactions se font sans cesse plus nombreuses entre occupants et occupés.
Philippe Richelle choisit pour ce nouvel album un cadre qui a maintes fois été utilisé, que ce soit en bande dessinée ou dans d'autres médias. Outre la nécessité de rappeler régulièrement ces faits marquants de notre Histoire, quelle en est la valeur ajoutée ? À vrai dire, elle paraît bien mince. Le problème ne vient pas de la réalité historique, celle-ci étant bien restituée, mais d'un manque évident d'empathie pour les personnages. Les émotions ne passent pas, quelle que soit la gravité des situations, et les personnalités des différents acteurs n'offrent pas la consistance requise. La mise en scène d'un conflit et de ses répercussions sur la vie quotidienne ne suffit pas à rendre un récit passionnant : la présence d'hommes et de femmes qui, ayant leurs aspirations propres, sont aptes à toucher le lecteur, est également une condition sine qua non. Force est de constater qu'elle fait défaut dans cette première partie de diptyque.
La prestation de Pierre Wachs est conforme à ce qu'on pouvait attendre de cet auteur à la production très classique. Le style, reconnaissable, manque parfois d'inspiration. Cette carence se fait sentir au niveau des décors qui, bien que réalistes, ne confèrent pas d'ambiance spécifique à l'album. Les visages et les postures des protagonistes, trop figés, ne parviennent pas à compenser la faible intensité qui émane de ces planches peu expressives. Un bilan que ne viennent pas adoucir des dialogues aux accents peu spontanés et une narration chaotique qui ne laisse pas entrevoir de véritable fil conducteur.
Le premier volet d'Opération vent printanier se referme sur une note plutôt mitigée et c'est essentiellement l'impression générale d'un classicisme beaucoup trop pesant qui mène à ce constat.
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C'est peu dire que je ne suis pas d'accord avec la chronique. Tout au contraire, je trouve les personnages très attachants dans ce décor de Paris de l'occupation très bien rendu. Certes l'époque a été très utilisée, mais là il s'agit de la vie de gens ordinaires dans leur vie quotidienne avec leurs contradictions et leurs envies dans un environnement difficile.
Les dessins de Wachs sont superbes, même si on a du mal à s'y retrouver quelquefois dans les visages, mais c'est la rançon de tous ces destins croisés qu'il faut prendre le temps de connaître.
Cette série rentre direct dans mes indispensables.