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ix mois que Nero, ex-privé, est sous le contrôle de l’Agence, l’organisme qui l’a repêché in extremis d’un enfer auquel il semblait condamné. Son cas fait débat : est-il prêt à être lâché en mission alors que certains aspects de sa formation n’ont pas été menés à leur terme ? La hiérarchie tranche, la réponse est oui. Rome puis Venise, deux meurtres, des victimes que rien ne semble devoir relier, mais un modus operandi théâtral et similaire qui réveille des souvenirs chez Nero.
L’aspect formation et réadaptation qui aurait pu prendre des allures de Nikita est éludé pour passer directement en mode thriller à la sauce Silence des agneaux, avec une confrontation opposant Nero à Igor Scanu. Ce dernier, docteur en psychologie, avait commencé à éliminer ses patients avec une méthode que seule la folie pouvait dicter, jusqu’à l’intervention du flic. Dix ans après, il est toujours derrière les barreaux, une partie de poker peut commencer entre les deux hommes. Toujours très noir, ce récit vaut beaucoup par la personnalité ambiguë de ses protagonistes. Nero se mure dans sa solitude, ce que la partenaire affectée à ses côtés va devoir apprendre à supporter, et Scanu, un rien caricatural, il faut bien le concéder, s’en donne à cœur joie dans le rôle du méchant salement atteint. Les rôles secondaires ne sont pas en reste et chacun de porter sa croix. Les visages sombres tracés par Andrea Mutti sont rehaussés par une mise en couleurs d’Angelo Bussacchini en phase avec le ton qui stigmatise à merveille cette impression de souffrance intérieure. Petit bémol cependant, le duo semble avoir cédé à une certaine facilité dans la réalisation des arrières plans. C’est bien dommage, tant ils ont démontré par le passé qu’ils détenaient par ce biais une véritable capacité à transcender l’atmosphère des récits qu’ils ont été amenés à illustrer conjointement (Arrivederci Amore, Les brumes hurlantes et surtout le remarquable Break point).
Puis le rideau tombe, et avec, le constat que si l’intrigue est bien menée en termes de rythme et de rebondissements, l’issue est somme toute assez classique avec comme un goût d’inachevé. Le ressort initié au final du deuxième tome apparaît alors sans utilité avérée, comme s’il n’avait pas été exploité à d’autres fins que de pouvoir relancer le personnage principal vers de nouvelles aventures. D’autant qu’envoyer un gars employé par une agence des plus secrètes pour aller régler un double meurtre a de quoi surprendre. De là à penser que Nero aurait tout aussi bien pu poursuivre ses enquêtes comme simple privé, ou encore que son passage dans l’Agence aurait pu avoir un impact plus important, il n’y a qu’un pas. Suite à venir ? Rien n’étaie ou ne dément cette hypothèse à la conclusion de ce one shot dans la série. .
Au-delà de ces considérations, Le disciple reste une bande dessinée de très bonne facture dans sa partition : le polar psychologique noir. Les amateurs du genre devraient y trouver leur compte.
Chronique du T.1 : La cinquième victime
Chronique du T.2 : Arkhangelsk
Cet épisode marque une étape importante dans le parcours de Néro. Nous avions définitivement quitté avec le tome 2 les sentiers battus du polar pour entrer dans une autre dimension avec l'apparition de Jason. Ici Néro semble manipulé par ce dernier. Quelle est cette agence pour laquelle il doit travailler ? Quels sont ses objectifs réels ? Néro est il passé de l'autre côté du miroir, celui de la violence ? Plusieurs questions semblent se poser au lecteur. Le scénario du "disciple" est bien ficelé même si l'on a des difficultés à bien saisir où veulent en venir les auteurs. les planches sont très soignées avec un graphisme élégant et une mise en couleur adaptée à l'humeur de Néro. Surprenant !!!