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epuis trente ans, en tant que dessinateur judiciaire, il s’assoit dans les tribunaux et tire le portrait de criminels au cours de leur procès. Il connaît leur histoire, les atrocités dont ils se sont rendus coupables, les peines qui leur ont été infligées. Parfois justifiées, parfois dérisoires ou inappropriées. Mais ceux qui ont causé la disparition de sa fille, Caroline, la seule qui savait l’écouter et le comprendre, il n’a jamais eu la possibilité de les voir sur le banc des accusés. Jamais appréhendés. En trente ans, tous ces meurtres, tous ces monstres, ces remises en liberté… Simon le boucher est le premier qu’il a dessiné. Il sort aujourd’hui. Il sera la première victime de sa vengeance.
Le retour d’Un justicier dans la ville ? Heureusement non, le dessinateur n’est pas le fils de feu Charles Bronson et le diptyque ne s’annonce pas comme un plaidoyer, plus ou moins dissimulé, en faveur de l’autodéfense. Seulement l’histoire d’un homme seul, meurtri, qui a entendu trop d’horreurs, immergé au quotidien dans le système imparfait de la justice humaine. Pour tenter de se libérer, il frappe. Pas au hasard, pas non plus pour rendre justice. Il cible seulement ceux qu’il a croisés dans les prétoires, qui le hantent et qui pourraient retrouver une liberté dont il ne jouit plus lui-même, enfermé dans sa solitude, prisonnier de sa frustration de voir le crime qui l’a frappé impuni, condamné à perpétuité au deuil de l’être qui lui était le plus cher. Des exécutions comme exutoire à la colère ? Pas certains que cela suffise, les corps tombent et les sentiments n’évoluent pas. Manœuvre suicidaire, renforcée par le fait de fréquenter un commissaire de police ? Peut-être.
Erroc (Les profs – Bamboo) et Dimberton (Margot l’enfant bleue – Glénat) signent un scénario limpide, noir et glacial en ponctuant habilement le parcours de leur tueur du récit des méfaits de ses victimes, sans que cela apparaisse comme une tentative de justifier ses actes. Un type banal peut-il se transformer en bourreau implacable et qui ne laisse pas de traces ? Les auteurs font en sorte que la question ne se pose que l’espace d’un instant pour ne pas se gâcher la lecture de la scène suivante. Premier album BD de Trolley, musicien et illustrateur de presse, Le dessinateur arbore un trait réaliste, froid comme les sentiments du personnage principal, usant des couleurs pour plonger souvent les cases dans une bichromie propre à certains auteurs de comics.
Qu’est-ce qui l’arrêtera dans son parcours qui consiste à égrener sa liste et à aligner les cadavres ? Ou qui ? Pour le moment, il ne semble pas y avoir d'autre issue possible.
Si le système de cotation pouvait au moins être prévu à la 1/2 unité...Et l'idéal au 10ème....Dans ce cas j'aurais donné comme cote : 7,8/10. Ben oui, c'est pas la même chose que 7,5 et encore moins que le 7/10 donné...!!!Grrr ! BDGest, PLEASE, révisez les cotations (déjà dit pour je ne sais plus quelleS sérieS !). Bref ! Tàf ok avec les chroniqueurs : un tueur froid et glacial (comme les couleurs de la BD) qui ne sait plus où il en est de sa vie...Surtout que le malheur l'a frappé de plein fouet ! Mais ce n'est pas un remake d'un "Bronson" vengeur...Au contraire : ici, au moins il y a un minimum (et même plus) de psychologie et de pronfondeur dans l'analyse des sentiments, doutes etc. de ce "vengeur".
Dyptique ? Dommage, car je pense que cette série mériterait un tryptique pour plus de "profondeur, et mériter un 8/10....Mais qui sait, le 2ème tome permettra peut-être de donner ce fameux 8/10...Je l'espère ! Car enfin une série non "ésotérique - religieuse - mystère de l'Ouest - anti-cato primaire etc...", bref les 80% de ce qui se fait actuellement...Bon, ok, dans ces genres il y a du très bon et même de l'excellent...Mais quand la BD cessera de "suivre la mode" ??? Ben, à mon avis pas demain la veille, car....$$$$$$ à la clé...Et oui...EN RESUME : achetez cette BD, même au prix où "on" nous la (Les) propose, elle vaut le coup !!