D
ans le port de New York, le syndicat des dockers est contrôlé par Johnny Friendly. A la tête d'un gang mafieux, il est suppléé par Charley Malloy, qui n'est autre que le frère de Terry Malloy. Ce dernier, ancien boxeur, assiste au meurtre d'un employé qui refusait de se soumettre aux exigences du syndicat et s'apprêtait à dénoncer leurs activités illégales à la justice. C'est un véritable cas de conscience qui se pose alors au jeune homme : il devra choisir entre sa loyauté envers son frère et son amour pour la sœur de l'homme assassiné, qui lui demande de l'aider à retrouver les meurtriers de son frère.
Sur les Quais est l'adaptation en bande dessinée du roman éponyme de Budd Schulberg. L'auteur avait éprouvé le besoin de développer plus amplement l'intrigue du film d'Elia Kazan, dont il était le scénariste. Il avait ainsi renforcé le côté dramatique du dénouement et supprimé le happy end exigé par la production.
Cette version imaginée par Rodolphe, scénariste prolifique, et mise en image par Georges Van Linthout (Falkenberg, Lou Smog ...) est plus proche du roman, du moins dans l'esprit dramatique. L'album retranscrit avec précision l'ambiance noire des années cinquante aux USA, où la mafia avait notamment la main mise sur les syndicats de dockers, et où elle faisait régner une loi aussi simple qu'inflexible : obéir ou mourir. Sur les Quais aborde l'histoire d'un homme tiraillé entre son désir d'aider la femme qu'il aime et sa volonté de rester fidèle à la mafia. Le récit de Rodolphe, s'il s'attarde sur la relation entre Malloy et le prêtre, ne suscite pas suffisamment d'émotions ou d'attachement vis à vis de personnages qui apparaissent dès lors froids et distants. La dureté de la situation aurait pourtant mérité une plus grande implication de leur part. C'est sans doute la faiblesse de ce récit très classique sur le Milieu, décrivant une des nombreuses tentatives individuelles qui, tout au long de l'histoire des États-Unis, ont eu pour objectif de faire triompher la justice.
Le noir et blanc, hommage au film de 1954, illustre avec justesse et précision l'ambiance sombre qui régnait sur les docks à une époque où un simple désaccord avec la mafia équivalait à prendre un aller simple pour le cimetière. Si la technique convient parfaitement pour les décors, et notamment les plans larges de la ville, elle trouve ses limites dans les expressions trop neutres des personnages. Cet aspect contribue à renforcer l'impression de distance ressentie tout au long de la lecture.
Sur les Quais est une adaptation agréable qui laisse cependant le lecteur sur sa faim, car le récit, bien que correctement construit, n'offre pas de réel suspense.
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