Z
azie n'a pas d'histoire. Ou plutôt, elle en a tellement qu'elle finit par ne plus en avoir. Entendez par là qu'il y a tellement de personnages, qui se croisent et s'entrecroisent, qu'il est un peu difficile de les suivre. Il faut dire qu'elle voit du beau monde, Zazie, entre son tonton danseuse de charme et un flic un peu collant... à moins que ce ne soit un satyre... allez savoir, par les temps qui courent...
Surprenant, désorientant, déstabilisant... les qualificatifs ne manquent pas pour décrire cette belle adaptation de Raymond Queneau par Clément Oubrerie (Aya de Yopougon). Le ton est badin, flirtant avec la caricature, jamais loin de l'absurde. Pourtant, la crédibilité est sans faille, renforcée par des acteurs au jeu très naturel. Les dialogues, puisant dans l'argot, regorgent d'expressions du cru et se moquent des liaisons : une belle manière de donner vie à ceux dont nous suivons les pérégrinations, dans une vision de Paris entre fantasme et réalité. Car la Ville Lumière a son propre rôle à tenir, elle qui déborde de vie autant que de personnalités fracassantes, elle qui donne à tous l'occasion de se perdre pour mieux se retrouver.
Le message de cette histoire, s'il faut en déceler un derrière une façade de grande bouffonnerie, est celui de la tolérance et du déni des apparences... forcément trompeuses. Miroir d'une vie faite de rencontres, de changements, d'apprentissages et de désillusions, le récit porte avec force les valeurs humaines qui devraient présider aux destinées de tous. Le regard sur le monde de cette petite fille, charmante mais un peu espiègle, est celui d'un oeil vierge faisant fi de tous les a priori.
Et si nous en prenions tous de la graine ?
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