A
vec ses amis, Liu dresse une combine pour amener son grand-père et les anciens du quartier à ne plus se promener torse nu, ainsi que la réglementation l’ordonne… Pour concrétiser son rêve de participer aux Jeux, « gros » Pang s’efforce de courir tous les jours malgré les moqueries des voisins… Parce que Yu la petite boiteuse aimerait nager, son aïeul met tout en œuvre pour qu’elle puisse s’entraîner loin de la piscine qui lui refuse son accès… Blessé à la main droite, cet espoir du ping-pong regarde ses songes de victoire s’envoler…
A l’occasion de l’année olympique, les éditions Xiao Pan publient Chroniques de Pékin, un recueil de dix nouvelles dont le thème est l’arrivée des JO dans la capitale chinoise. Comme tout travail collectif, celui-ci se révèle inégal et varié tant scénaristiquement que graphiquement. La dizaine de manhuaji qui oeuvre appartient à cette jeune génération montante et prometteuse dont le fer de lance est Benjamin (One day, Remember, Orange) qui signe la couverture ainsi qu’une postface. Ce sont donc dix visions différentes, dix points de vue, mais aussi dix réalités qui sont proposés au lecteur de cette ville immense et contrastée, aujourd’hui en pleine mutation et en perpétuel mouvement.
Dans « Des Pékinois pas très civilisés… », Ji’An (Niumao, Léa Graslin) aborde le fossé entre les générations et le lent remplacement des vieilles habitations par des immeubles de standing. Les rêves de gloire et les espoirs fous de s’illustrer sportivement se retrouvent bien naturellement dans plusieurs histoires. Exil rural, salaires de misère, difficultés à s’intégrer et à survivre forment le fond de « L’amour sous la lune au Festival d’Automne » de Zou Jian (Le repos de la baleine. « Ligne 104 » de Song Yang (Wild animals, Reload, Seven Swords) est un parcours étourdissant à travers la jungle architecturale d’un Pékin modernisé au rythme d’une rame de métro. Dans la veine de sa grande passion, Jian Yi (Seven Swords, Five Colors) évoque quant à lui la rage d’exister de la jeunesse chinoise avec un récit sur le rock. Cependant, si, en filigrane, certains des problèmes de ce gigantesque pays sont bien cernés, il serait vain de rechercher une véritable critique du système. La plupart des nouvelles, parfois un peu légère dans leur contenu, se veulent positives et pleines d’espoir.
Chroniques de Pékin, c’est également un foisonnement de styles. Ainsi, l’encre de Chine de Lu Ming (Mélodie d’enfer, Seven Swords) noircit avec une précision et une force indéniable une douzaine de pages. Le trait de Nie Jun (Diu diu, My Street est quand à lui beaucoup plus naïf et presque tendre. Mais c’est surtout l’usage de la palette graphique qui explose dans cet album qu’il s’agisse de retoucher des couleurs comme pour Zou Jian ou de ciseler la reprise de photographies dans le cas de Song Yang, voire de mélanger prises de vues réelles et dessin comme le fait Wang Huan. Il s’agit donc d’un véritable maelström de genres, de formes et de teintes, qui, si tout n’est pas très réussi, parvient à contenter chacun selon ses préférences. Et pour mieux apprécier ces multiples talents, un mini art-book clôt le recueil.
Malgré une certaine inégalité et quelques défauts, Chroniques de Pékin s’avère une bonne entrée en matière pour découvrir la variété stimulante d’artistes en devenir.
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