L
e Marais, voilà un nom de quartier fortement évocateur, tout du moins dans l’imaginaire collectif et accessoirement dans celui d’Hugo, fringant homo qui rêve d’accomplir ce voyage initiatique. Terrasses de café, bains et autres backrooms constituent autant de promesses dans l’esprit du jeune provincial qui, après avoir fait le tour des possibles dans sa restrictive campagne, nourrit l’idée d’aller se frotter à du lourd. C’est ainsi qu’il débarque chez le musculeux Manu, son cousin haut en couleurs, déjà introduit dans ce milieu dans lequel il semble comme un poisson dans l’eau.
Hugues Barthe fait enfiler à son personnage témoin le costume de l’oie blanche pour offrir une approche naïve dudit univers. Conséquence directe, cette suite de Dans la peau d’un jeune homo s’apparente fort à un guide du routard des hauts lieux de la vie gay parisienne. Ce choix induit un survol très en surface des choses et donne une vision d’ensemble qui, si elle se fait le reflet d'une certaine réalité, est assez paradoxale, mêlant caricature et classicisme.
A l’image du titre « objet » de cette bande dessinée, le ton paraît superficiel et peine à captiver. L’absence de profondeur plombe sérieusement le récit, ce qui n’était pas le cas des premiers albums d'un auteur qui a fait de l'homosexualité masculine son thème de prédilection. Ainsi, l’histoire du Petit Lulu (Le) s’insère dans un environnement, un contexte, ce qui lui permet de respirer et lui donne sa saveur. De même, dans une approche plus didactique du « coming out », le premier tome trouve une grande partie de son charme dans son rapport au monde extérieur. Bref, il y a de la vie autour. A l’inverse, le caractère spécifique et quasi-exclusif de Bienvenue dans le marais cantonne le récit dans un vase clos qui, sous une apparence « sympa », manque de caractère. L’humour tout en provocation convenue manque de punch et se maintient à distance respectable de la veine délirante d’un Ralf König. Les quelques idées politiquement correctes qu’Hugues Barthe semble vouloir véhiculer tendent à se répéter et perdent en percussion avec le temps. L’auteur aurait-t-il fait le tour du sujet ?
L’impression d’un album en demi teinte prédomine et, si le dessin conserve toute sa fraîcheur, le contenu, cohérent dans l'ensemble, a perdu en intérêt.
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