L
ittle Bigger débarque à Peardale, une de ces villes un peu perdues comme l'Amérique en compte par milliers. Officiellement, il est étudiant et loge à la pension de Jake Winroy. En réalité, il est venu pour tuer « accidentellement » ce même Jake Winroy, avec qui le grand patron a quelques comptes à régler.
Une balance, protégée par la police et poursuivie par la mafia, face à un tueur sans pitié qui, sous ses airs de jeune homme bien comme il faut, cache une froideur à toute épreuve. C'est sur ce malfrat un peu particulier que repose le roman de Jim Thompson, ici adapté par Matz et Miles Hyman. Et il a de quoi séduire, cet exécuteur de basses besognes atypique. Jugez plutôt : il est adulte depuis quelque temps déjà, mais semble à peine sorti de l'adolescence. On chuchote même qu'il aurait la tuberculose. Cela ne l'empêche pas d'avoir un certain charisme, en plus d'une solide réputation, et il sait jouer de son charme auprès de la gent féminine. Il allie donc à merveille le Bien qui ressort de son apparence et le Mal qui se dissimule derrière le masque de la respectabilité et de l'innocence.
Sauf que, dans cette adaptation, il n'est pas si évident de suivre ce personnage pourtant intrigant. La faute en revient à un découpage qui manque singulièrement de fluidité, une voie-off omniprésente qui n'a pas les accents littéraires à même de soutenir un rythme convenable et un dessin qui, bien que formellement irréprochable, ne parvient pas à restituer une ambiance adéquate. Par conséquent, l'intrigue, loin d'être palpitante, lasse bien avant son terme. Le manque de soin apporté aux divers personnages, leur faible implication dans le récit et le peu de répondant dont ils font preuve finissent par rendre ce one-shot bancal malgré la présence aux commandes de deux auteurs qui connaissent leur métier, l'illustration pour l'un et la narration pour l'autre.
Nuit de fureur est typiquement le genre de livre qu'on aurait voulu aimer mais dans lequel on ne parvient pas à rentrer. L'impression est bizarre mais indélébile.
Je n'ai pas lu le roman, mais je trouve la BD particulièrement réussie. Le dessin, la pagination, les textes créent une ambiance à la fois oppressante et noire à souhait. Peu de personnages sont bons et quasiment tous méritent d'y passer...
Le choix des couleurs brunes qui tranchent avec la beauté des dessins, des personnages, des plans et perspectives est une réussite.
Noir c'est noir : un tueur à gages de la taille d'un enfant au bout du rouleau, une balance à dézinguer avant son procès, des femmes attirantes mais dangereuses et beaucoup d'alcool...
L'histoire est passionnante mais la fin est plus compliquée à saisir, la folie s’emparant du personnage principal.
Une adaptation de roman à la BD est difficile. Actuellement cet exercice de style est particulièrement en vogue. Ici l'oeuvre de Jim Thompson est mise en scène par Matz et en images par Miles Hyman. L'ensemble est très réussi. Les planches décrivent parfaitement l'ambiance glauque de cette Amérique où règne la mafia. Un bémol sur le dénouement où les évènements s'enchaînent de façon un peu précipitée. Mais finalement cette nuit finit comme dans un vrai roman noir : la femme à gueule d'ange est fatale !...