Le dernier roi marque la fin du voyage pour Mihoshi et Nel mais aussi l'épilogue d'une quête initiatique qui doit mener la jeune fille vers ses parents disparus. En compagnie de Sigmo et Smoll, ils parcourent ensemble les terres inhospitalières de la Brèche des Géants, d'où nul ne sortira indemne. Quant à Zepplin, sa mission le conduit au cœur du volcan Tô, là où poussent les palantis contenant la lectine, indispensable à la survie de son peuple. A l'approche du cratère, le petit fröle semble subir une étrange et inquiétante transformation.
Réaliser une série d'héroïc fantasy de qualité en seulement 4 tomes n'est pas monnaie courante. C'est pourtant ce que H.Tonton a réussi à faire avec Armandis dont le premier volume a été publié en 2003. L'histoire n'a pourtant rien de très original et contient bon nombre de ressorts narratifs inhérents à ce genre. Néanmoins, l'auteur a su créer une galerie de personnages qui sont devenus, au fil des pages, de plus en plus attachants. A commencer par Mihoshi, une gamine d'apparence fragile, mais qui va se révéler à travers chaque épreuve la rapprochant de la découverte de son passé. Puis Nel, un garçon un brin espiègle sur qui elle peut compter à chaque instant. Enfin, Zepplin, le gentil fröle, créature mystérieuse désignée malgré elle pour sauver ses semblables d'un terrible fléau.
Le récit, pris dans sa globalité, forme un ensemble cohérent. Si H. Tonton a évité les écueils liés à un classique happy end, il a, en revanche, précipité certaines révélations, comme si les 56 pages de l'album, au lieu des 48 traditionnelles, n'avaient pas suffi pour exposer confortablement la conclusion. Le ton plutôt enfantin du début de l'aventure laisse la place à plus de cruauté, moins de mièvrerie. Mihoshi, franchissant ainsi, en compagnie du lecteur, le difficile passage vers l'adolescence.
Le dernier roi présente de multiples paysages, aussi différents qu'un manteau neigeux, un désert hostile ou une forêt luxuriante. Tous sont mis en valeur par la beauté de couleurs directes. Bien que très épurés, les décors sont rehaussés d'une multitude de teintes donnant un charme fou à une simple nuit étoilée ou à l'immensité de la mer. Quant aux personnages, le contraste est saisissant entre la candeur du visage de Mihoshi et celui, de plus en plus menaçant de Zepplin. De plus, certains gros plans sont particulièrement réussis, l'auteur parvenant à restituer fidèlement les émotions.
Face à une production saturée d'histoires d'héroïc fantasy, plus ou moins bien venues, la lecture d'Armandis procure une véritable sensation de fraîcheur. Sans révolutionner le genre, ce fort joli récit a le mérite de proposer un moment d'évasion, très dépaysant. Mais surtout, malgré quelques petits défauts, elle évite la lassitude d'une saga interminable ou pire, la frustration d'une série abandonée.
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