I
l y a quelques semaines, l’aventurier au chapeau et au fouet était de retour sur le grand écran. L’attente était forte et elle s’est vue partiellement récompensée par un film assez mal équilibré, plombé par quelques scènes trop longues et une tendance à jouer le mode « jeu vidéo » plus que nécessaire. Curieusement, l’instant le plus intéressant, celui qui semble avoir bénéficié d’une attention particulière, d’une touche personnelle, a peu à voir avec le personnage et sa légende. Il plonge Indy dans une reconstitution minutieuse de la société américaine des années 50, ambiance guerre froide et essais nucléaires. Immersion garantie dans un lotissement où le pavillon-type, fort bien pourvu en équipements et accessoires, d’une famille américaine modèle avant que la séquence ne s’achève sur une chute typiquement cartoon. De quoi avoir l’idée saugrenue de revoir l’excellent Atomic café (J Loader – 1982) par exemple. Mais la parenthèse d’un auteur qui s’offre, pour le plaisir, un espace d'expression au milieu d’un actioner possède un lien très indirect avec l’Aventure avec un grand A.
Indiana Jones Aventures ne prend pas ce risque et propose ce qu’on attend d’une telle franchise. Pour cette initiative réunissant les complices habituels œuvrant sur celle de Star wars, la division livres de Lucasfilm et Dark Horse, le cahier des charges est simple : escapades sur plusieurs continents, une légende, quelques reliques et lieux sacrés, une poignée de mercenaires et autres figures patibulaires, une bonne dose d’humour et le tour est joué. Voilà en gros ce que propose ce premier épisode : trois lieux, quelques divinités scandinaves (souvenir des années passées en Suède par le scénariste ?), un anneau et un parchemin, l’ennemi français préféré qui se met au service des nazis, quelques répliques bien senties à destination notamment d’une consœur-mais-néanmoins-concurrente employée du British museum. Le résultat est estampillé « tout public », suffisamment dynamique, mais, il faut bien l’avouer plutôt superficiel et vite lu. Soixante-douze planches c’est court, proposé à un prix très raisonnable mais court. Le trait d’Ethen Beavers qui avait déjà officié sur Clone wars episodes s’accorde bien du script dans un style clair et s’amuse régulièrement à affubler son Indy d’un « loup » dessiné par l’ombre de son chapeau, lui donnant ainsi un air de Fantôme du Bengale, le collant en moins (compte-tenu de l’époque, la référence, non avérée, ne constituerait pas en soi un anachronisme).
Petit bouquin qui fera de l’œil à tous les fans possédés par la collectionnite aigue, ce premier volet confirme que la première aventure digne du mythe reste à faire. Celle qui construirait une intrigue plus ambitieuse qu’un prétexte à aligner les scènes visuelles et d’action, qui prendrait le temps d’exploiter de véritables énigmes, qui proposerait autre chose qu’une transposition de la recette ayant fait ses preuves au cinéma. Ceci dit, si les scénaristes semblent y avoir renoncé en misant sur le tape-à-l’œil et le crédit sympathie dont bénéficie le personnage, pourquoi en serait-il autrement en bande dessinée ? Certains volumes de Star wars l’ont fait, alors l’espoir demeure…
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