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essica Peterson est une jeune femme introvertie qui partage un appartement avec sa collègue et meilleure amie Jin. Quand elles ne font pas de beaux yeux à leur nouveau voisin, Raj, les deux se relaient en tant que serveuse dans un petit bar de Los Angeles dont le nom ne préfigure déjà rien de bon. C’est d’ailleurs lorsqu’elle va prendre la commande d’un nouveau client du “Bad Karma” que la vie de Jess va basculer. En acceptant d’accompagner cet homme dont le bracelet représente Naga, le dieu reptile, la timide barmaid va se faire agresser. C’est la bouche ensanglantée et un cadavre démembré gisant à ses pieds, que Jess se sort indemne de ce traquenard visant à lui ôter la vie. Sous le coup de l'émotion, elle ne se doute pas encore qu’elle est en fait la réincarnation d’un dieu serpent et qu’elle est investie d’une étrange mission…
Fusion Comics, concept éditorial né de l’association des éditions Soleil et Panini Comics, continue d’afficher des grands noms de la littérature et du cinéma sur les couvertures de ses albums. Après Stephen King (La Tour Sombre), John Woo (John Woo), Guy Ritchie (Game Keeper) et Nicolas Cage (Voodoo Child), c’est maintenant au tour de Shekhar Kapur (sept nominations aux Oscars pour Elizabeth) de franchir le pas. Ce sont d’ailleurs les comics qui ont bercé l’enfance de l’auteur et l’ont conduit vers le cinéma. Si Snake Woman est issu de l’imagination de Shekhar Kapur, la série est écrite par Zeb Wells (Spider-Man : Year one) et illustrée par Michael Gaydos (Alias, Spider-Man : The pulse).
A l’instar de Voodoo Child, Snake Woman a du mal à convaincre au-delà de la couverture. Mais soulignons d’abord quelques points positifs avant de cracher le venin sur une proie qui aura de toute manière beaucoup de mal à survivre au milieu de cette jungle trop dense du neuvième art. En puisant dans les croyances d’un pays culturellement tourné vers les histoires mythiques, l’auteur invite à découvrir la légende hindoue du serpent Naga et livre un récit qui colle parfaitement à la ligne éditoriale d’une collection souvent tournée vers l’Inde.
Dans sa tentative de plonger le lecteur immédiatement dans l’horreur, l’album s’ouvre par une scène montrant l’héroïne couverte du sang d’un homme qu’elle vient d’assassiner. Suit alors un flashback de quarante-huit heures visant à mettre en place les acteurs et à montrer l’élément déclencheur qui transforma Jessica Peterson en Snake Woman. Au fil des pages et de souvenirs d’anciennes vies qui lui reviennent, la jeune femme va vite se débarrasser de son humanité pour laisser remonter à la surface cet instinct animal qui la poussera à anéantir les soixante-huit personnes qui, jadis, anéantirent son village.
Malheureusement, cette histoire de réincarnation est d’une banalité rare. Les protagonistes manquent totalement de crédibilité et l’environnement dans lequel ils évoluent est rempli de clichés. Si la mystérieuse organisation qui semble traquer Jessica parvient encore à intriguer, la trame du récit est beaucoup trop convenue. Les dialogues sont absolument creux et certaines répliques font penser à une parodie, alors qu’inciter au rire n’est aucunement leur but. Le graphisme de Michael Gaydos n’est pas du tout à la hauteur de la couverture et ne parvient pas non plus à séduire. Les décors et détails sont généralement absents, l’ambiance verdâtre insufflée par une colorisation sombre n’est pas vraiment agréable et les transitions lors des retours en arrière sont inefficaces.
Malgré un élément culturel intéressant, le premier volet de ce diptyque inspiré de la réincarnation de la civilisation indienne n’est pas du tout à la hauteur des espérances et beaucoup regretteront que l’héroïne ne soit pas parvenue à accomplir sa vengeance en un seul tome.
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