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out commence dans un petit village des Vosges, le genre de bled paumé où il ne se passe jamais rien. Un troquet, un hospice, un orphelinat, un centre pour jeunes handicapés mentaux... et ses habitants. Anastase, dit "Nanase", le roi de la combine ; Albert, pas vilain bougre, mais un peu dérangé ; Yvette, gentille fille un brin nunuche qui s'occupe des enfants trisomiques et José, son amoureux. Et puis le grain de sable, du style à foutre en l'air ce bel équilibre, à faire remonter à la surface certains faits, pas très glorieux, que d'autres cherchaient depuis longtemps à enterrer. Le grain de sable se prénomme Joël, un gamin, déficient mental, qui a échappé à la surveillance d'Yvette. Peu importe ce qu'il s'est passé, l'essentiel c'est de le retrouver et, surtout, de ne pas faire de vagues.
Le récit est tiré d'un roman de Pierre Pelot, paru en 1982. Le quatrième de couverture de l'album précise, à ce sujet, que l'origine de l'histoire est liée à la naissance du fils de l'auteur. Drôle de paradoxe. Car les événements décrits dans Pauvres Zhéros sont loin d'être heureux. Ils s'apparentent plus à de la douleur morale, à des blessures encore ouvertes, à une ambiance sinistre, quasi glauque. Le seul rayon de soleil, au sens propre comme au figuré, c'est Yvette et son Jules, juste avant le drame. Cet instant de partage, fugace et si fragile, ils vont le payer cher, très cher. Comme si dans ce village des Vosges, personne n'avait droit au bonheur.
Les personnages sont taillés à la hache. Anastase et Albert, les deux marginaux, la mère, qui taquine la bouteille de rouge, parfaite dans le rôle de la matrone et José, véritable écorché vif. Et puis il y a les autres, les supposés philanthropes, les gens biens en quelque sorte. Abonne, le directeur du Centre et Magard son adjointe. Enfin, les pensionnaires. Mais qui s'en soucie vraiment ? Parler de noirceur serait un euphémisme. L'auteur relate des faits d'une extrême cruauté autant par les actes que par l'absence d'humanisme. L'album se lit finalement très (trop) vite. Certains éléments, présents dans le roman original, viennent à manquer dans l'album. Ils auraient permis non seulement une meilleure compréhension mais aussi de s'immerger plus profondément dans l'histoire. Par exemple, il est difficilement acceptable qu'Yvette puisse laisser des gamins handicapés sans surveillance pour partir batifoler avec José. Cette absence, inexcusable, trouve une explication dans le livre : la difficulté de trouver un boulot et l'impossibilité de refuser ce poste alors qu'elle ne supporte pas les enfants. Beaucoup de choses sont suggérées et seule la longue tirade finale de Manucci viendra éclairer le lecteur.
Par bonheur, le talent de Baru parvient à effacer une partie de cette frustration. En une case, en un visage ou en un regard, il réussit à retranscrire une quantité incroyable d'émotions différentes voire contradictoires. Les personnages possèdent tous une bouille et une allure inimitables. A commencer par Anastase, chapeau noir vissé sur la tête, paire de converses rouges aux pieds, clope au bec. Ou le gros Albert, le cuir chevelu très apparent, la dentition très inégale, une salopette bleue sur le corps et des yeux exhorbités par la folie qui le ronge. Le dessin de Baru, c'est aussi une ambiance, poisseuse, sale, repoussante. Les quelques instants de soleil ont vite laissé la place à la nuit et à la pluie, aux couleurs sombres et au vert crasseux des cirés.
Ne serait-ce que pour le graphisme, remarquable, Pauvres Zhéros vaut le coup d'œil. Peut-être moins pour le scénario, qui s'accorde parfaitement au thème de la nouvelle collection, "Rivages/Casterman/ Noir", mais qui manque parfois de liant et de profondeur. Néanmoins, retrouver Baru à un tel niveau est un plaisir qui ne se boude pas.
400 ème avis sur le site !!!
Un toilette extérieur sans loquet, un orphelinat pas très catholique, une meute de chats friands d'abats, un enfant perdu...
Voici les bases de cette histoire bien sombre où les héros sont des ratés / des traumatisés de la vie...
Génial!! Histoire simple, réaliste et terriblement efficace, proche d'un fait divers comme on en rencontre tous les jours. J'apprécie les dessins de Baru qui sont très expressifs avec des trognes patibulaires (j'aime bien comment il fait ressortir la haine et la colère des visages), et des décors pluvieux superbement glauques. Malgré ces 84 pages, la BD m'a paru trop courte, dommage, j'aurais aimé que le plaisir dure plus longtemps mais bon...
Adaptation d’un roman sombre, chronique de la médiocrité villageoise, où les veules se disputent aux mesquins. Où les simples ont leur place et les méchants ne savent pas qu’il le sont car ils restent innocents. Malgré le côté court du livre, les personnages sont assez bien fouillés dans leur psychologie. C’est efficace.
Visages chiffonnés et décors simples mais détaillés. Beau mélange, qui sert très bien l’histoire. Couleurs bien choisies, entre les bistres des bâtiments et les couleurs pastels de la gardienne d’enfants.
Ambiance trés glauque, trés noire (comme la Collection), trés bien illustré par Baru mais le scénario n'est, pour ma part, pas assez consistant et l'histoire se lit un peu trop vite.
A voir pour les fans....
Je ne pouvais pas manquer un nouveau Baru (c'est pour vous dire que je suis objectif en parlant de cet album :siffle: ). Baru en adaptant ce roman de Pierre Pelot pour la nouvelle collection Rivages/Noir/Casterman nous offre (16.5 euros quand même) un nouveau très bon album à sa production.
Plus qu'un polar pur jus c'est plus, comme d'habitude avec Baru, une étude de personnages en décalage, de pauvres hères échoués par les courants froids de la vie, ici, c'est dans les Vosges que ça se passe. Ils ne sont pas très malins, pas trop honnêtes et plutôt imbibés les zhéros de cette histoires, les vrais méchants se cachent derrière leurs fonctions et le poids de la routine. Ils se débattent, croient aux miracles (et aux petits hommes verts) et s'écrasent à la fin comme ils se doit car on ne sort pas du cercle vicieux de cette vie. Aux pinceaux Baru fait étalage de tout son métier : cadrages, compositions, couleurs. Tout semble couler de source.
Réalisation en béton pour un propos fissuré.
Des paumés, des moins que rien, ça nous donne un RDV grinçant où les rancoeurs accumulées, les complexes et les vies ratées construisent un coktail explosif. L'histoire est bien construite et nous plonge dans le quotidien pourri d'Albert et de Brémont. Un quotidien violent mais décrit sans excès de vulgarité et illustré par des planches superbes de justesse...
Pas vraiment génial... bon c'est du Baru comme il sait très bien en faire, mais
on a déjà vu beaucoup mieux. Et puis ça se lit beaucoup trop vite selon moi.
Bref, pas une super lecture, quoi.
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