I
nstallé aux abords d’un village isolé, le Dr Adrian fait jaser. Ses recherches peu académiques sur la poliomyélite intriguent et ses expériences sur des cobayes, en marge de l’éthique médicale, jurent avec l’ignorance crasse des autochtones. Seuls les bienfaits de son traitement sur la jeune Francès empêchent encore des villageois bornés et superstitieux de le chasser loin de leurs terres. Les chances de guérison semblent pourtant bien minces et le médecin peine à mettre au point le vaccin contre la maladie ayant déjà emporté sa femme et sa fille. Un terrible accident survenu au cirque, l’évasion d’un singe, lui permettra de mener à bien ses expérimentations… au risque de commettre l’irréparable.
Après Caligari, Cédric Perez se saisit d’un autre classique du cinéma fantastique, The Ape, sorti en septembre 1940. Boris Karloff y campait un inquiétant Bernard Adrian et délivrait une angoissante composition de savant fou dans un film désormais culte, lequel, outre une fin prévisible, multipliait les clichés et les rebondissements dans la grande tradition des productions à petit budget destinées aux "cinémas de quartier". Vite vu, vite oublié.
S’il est un exercice difficile, c’est bien celui de l’adaptation. Malgré un graphisme atypique tout en bichromie, Caligari peinait à moderniser l’œuvre originale, les bulles parasitant des planches déjà encombrées de longs récitatifs. Là encore, certaines pages présentent des phylactères bien trop étoffés, la faute à une pagination resserrée. L’ensemble est cependant plus équilibré et le scénario ne souffre plus des sautes de rythme qui affectaient le premier album. Le vil plomb ne s’est toutefois pas transformé en or et le nanar ne s’est pas fait chef d’œuvre lors de la transmutation. La retranscription est fidèle, trop peut-être. Vite lu…
Le dessin de Perez n’en reste pas moins très agréable. Le style expressionniste, le trait hachuré et les couleurs affadies au grain presque palpable siéent à l’ambiance un peu vieillotte de cette Amérique des années quarante.
>>> Lire aussi la chronique de Caligari.
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