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ncore enfant, Emily Arderen a dû fuir Londres précipitamment pour échapper aux dangers que lui faisaient courir les activités crapuleuses de sa mère. Des années plus tard, elle revient sur sa terre natale pour intégrer Scotland yard avec deux idées en tête : se faire une place au sein de la très masculine institution et élucider le mystère de la disparition tragique de celle qu’elle n’aura pas revue depuis son départ à New-York.
L’Angleterre à l’époque victorienne, une jeune femme plutôt futée, qui n’a pas froid aux yeux et qui doit composer avec un environnement placé sous le joug masculin, il s’agit bien sûr de Miss… Arderen. Le rapprochement est facile et profitons-en pour l’évacuer dès maintenant en soulignant que Clues a un autre point commun avec l’héroïne du duo Derrien/Fourquemin, Miss Endicott : l’album revisite ses classiques avec une conviction communicative. La charmante et frêle créature contrainte de se frotter à des collègues qui la considèrent de haut, son supérieur en tête mais aussi l’organisation secrète qui fait régner la terreur sur une partie de la ville ou encore l’introduction de nouvelles méthode scientifique d’investigation, c’est ce qu’on appelle du solide quand le regard est bienveillant ou du déjà-vu lorsqu’il est blasé. Et si le comportement à la fois odieux et ambigu du sévère Hawkins envers Emily, accompagnant les premiers pas de la novice en la rabaissant plus que de raison, ne s’éclairait d’une façon prometteuse à la découverte de la dernière case de cette introduction, il y aurait de quoi en rester à ce jugement mi-figue mi-raisin. Grâce à cet atout, l’avis à propos du scénario se fait plus chaleureux. Il en faut peu pour faire pencher la balance.
L'atout majeur en matière de personnalité, c’est sans doute dans le dessin qu’il se trouve. Les décors, aux perspectives convaincantes et aux détails abondants sans dénaturer la lisibilité, flattent l'oeil, le découpage est alerte, tandis que le recours à des jeux de regards et à une palette de lippes marqués ne constitue pas un réel handicap. Histoire de chipoter, pour certains personnages présentés en plans rapprochés, l’épaisseur de trait paraît néanmoins un peu forte. Par ailleurs, en termes de couleurs, le choix des ambiances, sous couvert d’une neutralité apparente, est lui aussi réussi. Enfin, la couverture est astucieusement trompeuse. A moins que la suite ne nous prenne une deuxième fois à contre-pied...
Les enquêtes policières à l’époque victorienne ne sont plus l’apanage de Fog, c’est une certitude depuis quelques temps. Avec Clues, Mara s’invite au bal des débutantes en se faisant agréablement remarquer. De quoi marquer le genre de son empreinte dès le prochain tome ?
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Ce genre de série est plutôt habituel dans la trame. On a un inspecteur de police qui fait très Sherlock Holmes dans l’Angleterre victorienne de la fin du XIXème siècle. On va lui adjoindre une petite novice qui va devoir faire ses preuves pour plaire au grand maître sur un mode du genre les opposés s’attirent. L’histoire se corse un peu lorsque l’on sait que ce n’est pas pour la passion du métier que notre jeune femme va participer à une enquête criminelle. Les ficelles sont d’ailleurs tellement grosses qu’on se demande si c’est bien raisonnable. Ainsi la jeune femme se rappelle parfaitement le visage d’une bande de malfrat qu’elle a dû voir quelques minutes durant son enfance.
Fort heureusement, cette série possède également des qualités à commencer par le graphisme. C’est vrai que celui-ci fait très disneyen ce qui n’est pas pour me déplaire. L’héroïne est d’ailleurs assez charmante. J’ai bien aimé les postures des personnages ainsi que les décors. Il y a une réelle maîtrise des proportions ce qui confère à l’ensemble un certain charme dans l’élégance du trait.
Et puis, et surtout, on va s’amuser de l’antagonisme des deux principaux personnages. La conclusion du premier tome laisse devenir la suite. Pour autant, on a l’impression de faire du surplace dans le second tome. On espère que l’auteure sera plus inspirée par la suite. Il est également question d’un attentat de grande envergure pour changer la face politique de la Grande-Bretagne (ce qui demeure toujours aussi invraisemblable). Il y a pourtant un petit quelque chose de plaisant dans cette lecture. Clues assure indéniablement sa part de divertissement.
Une jeune femme rejoint Scotland Yard une 15aine d'années après la mort mystérieuse de sa mère pour mieux decouvrir ses assassins.
Après moult avanies de ses collègues masculins et plus parituclièrement de son supérieur, elle débusque à l'occasion d'un incendie criminel un début de pistre prometteur...
L'histoire est traditionelle et sans surprise (pour l'instant puisqu'il ne s'agit que du premier tome d'une nouvelle série à suivre), en revanche le dessin est une pure merveille. Il fait inévitablement penser aux dessins animés et plus particulièrement aux Walt Disney mais à un Disney qui s'adresserait aux adultes et non plus à un public enfantin.
Une grande déssinatrice est née en même temps qu'une grande coloriste même si ses tons, atmosphère oblige, tournent vers les différentes nuances du sombre (du noir en passant au bleu et au vert).
Un bel album !