L
e climat est rude et glacial, mais Daytona et Borano pourraient trouver un peu de chaleur dans les bras de créatures d’une Fille de la toundra. Ce n’est cependant pas ce qui les détournera de leur route : l’un a une course à gagner, l’autre une riche héritière doit libérer des griffes d’un groupe de militant écologiste extrémiste. Un moment sur la touche après une sortie de route, le plus jeune doit rallier le prochain point de contrôle au plus vite. Le détective, qui se trouve principalement sous les feux des projecteurs, doit trouver au plus vite la trace de la captive.
Golden cup fait figure de paratonnerre-type pour une partie du lectorat BD. Dérivée d’une série à succès, elle concentre à l’occasion les foudres habituelles qui s’abattent sur un certain type de production : moyen d’exploiter un filon, ou pour les plus cléments de fidéliser au mieux les amateurs de la série-mère entre deux tomes, combinaison de deux ingrédients traditionnels du récit d’action – une course et une enquête – qui permettent de garder le pied sur l’accélérateur et de miser sur le punch et le tour est joué. Sans abuser d’une étiquette qui peut avoir bon dos, à cette catégorie de tatillons-là il serait bon de remettre devant le nez le sigle, tout à fait éloquent, de la Série B, qu’elle appartienne à l’écurie Delcourt ou non.
Et peut-être aussi les inviter à choisir un autre angle de lecture. Essayez pour voir. Golden cup, avec un sens du raccourci, c’est la Grande course autour du monde de Blake Edwards, avec une pointe de Fous du volant, une touche furuiste et high tech en ce qui concerne les véhicules en prime. Les gentils sont courageux et efficaces, les méchants sont fourbes et stupides. Un coup de pied au plancher lorsque c’est nécessaire, les bêtas posent le pied sur le râteau quand il le faut, mais pourquoi chercher beaucoup plus loin ? Les préoccupations écologistes de la série-mère ? Sans être absentes, elles ne sont pas envahissantes. Le comportement particulièrement belliqueux constitue une demi-surprise qui vise peut-être à rétablir un peu l’équilibre sur la balance, les scènes où une jeune tenancière d’auberge se trouve menacée par des ivrognes du cru ou la mort plutôt violente des ravisseurs étonnera en revanche davantage.
Toujours soutenue par le trait propre d’A. Henriet (qu’on peut préférer à celui de N. Malfin qui donne pourtant le "la" dans l'esprit), magnifié ou empesé du style lumineux et caractéristique de P.Schelle (les deux sentiments contradictoires cohabitent au gré des planches qui font parfois cligner des yeux), Golden Cup est une friandise qu’il est inutile de bouder. Juste un peu acidulée, goût « duo de saveurs » pour conserver l’envie d’en reprendre une bouchée de temps en temps, consommable sur le pouce, à tout moment de la journée. Amateurs de lait cru, d’aigre doux ou de Bhot Jolokia s’abstenir. Suffit de le savoir avant de croquer dedans.
L'affaire du kidnapping résolue, retour à la course ! Avec franchissement de la ligne d'arrivée au prochain épisode.
Avant dernier album de la série, l’ensemble gagne un peu en rythme alors que certaines intrigues se dénouent (peut-être un peu vite). Comme dans les précédents albums, un dessin et des couleurs vraiment pas mal (à mon sens il y a même une progression dans ce quatrième opus) viennent au secours d’un scénario finalement un peu décevant.
Je mets 6 sur 10 à l’album