L
e groupe de rock monté par Jia, Meng et Minette a connu son petit moment de succès auprès des étudiants. Maintenant, les répétitions se font rares et chacun suit sa route, un peu amer. A l’occasion d’un concert de Fresh Oxygen, Jia se fait remarquer grâce à sa voix. Peu après, on lui propose un contrat alléchant qui pourrait concrétiser son rêve. Mais il faut choisir entre les amis et la gloire. Rien n’est plus difficile même si l’envie est forte. Passés les premiers feux éclatants du succès, le revers de la médaille apparaît…
Les lecteurs avaient découverts le trio formé par Jia, Meng et Minette Star dans Matous et pingouins. Ils le retrouvent dans ce nouvel album de Song Yang (Wild Animal), intitulé Reload. Au programme : de la musique ainsi que le cortège de rêves et de désillusions qui accompagnent les espoirs de ces jeunes adultes. Le laisser-aller et l’espérance sans lendemain débutent un récit d’une grande justesse quant aux sentiments divers qui étreignent les personnages. Puis, au fur et à mesure que l’étincelle du succès se forme et s’étoffe pour l’un d’eux, les affres de de la déconvenue qui la suivent se font plus présentes. Les châteaux en Espagne du groupe estudiantin s’étiolent et disparaissent dans une prise de conscience amère et sans retour. Avec la même impression d’évoluer dans un songe, nous observons l'ascension de Jia, la chute – horrible - de Kisser, la chanteuse de Fresh Oxygen, et le brusque réveil du jeune homme dans une scène finale des plus éloquentes. Incontestablement, l’auteur sait dépeindre, avec sensibilité et sans fioriture inutile, les tourments de cette jeunesse chinoise en quête d’avenir, de reconnaissance ou qui souhaite simplement qu'on remarque son existence. Les états d’âme de Song Yang et ses pensées, développés en prologue et en tête de chaque chapitre sous forme de réflexion philosophique, confèrent sans doute une portée supérieure au propos, bien qu’on puisse en apprécier diversement le contenu. En tous cas, malgré quelques passages moins sombres, on est loin de l’humour cabotin de Matous et pingouins et de sa légèreté. Dans son œuvre précédente, le dessin du manhuaji s’avérait assez inégal. Cette fois-ci, sans être dépourvu d’erreurs, il se révèle plus mature et la mise en couleurs permet de jouer sur les textures et les formes, ce qui lui procure une force certaine.
Pour compléter l’ensemble, les éditions Xiao Pan ont ajouté un mini art-book, afin de mieux faire connaître le travail de l’auteur, et offrent un CD deux titres qui s’écoute en lisant ce Reload. Des bonus qui permettent d’apprécier encore un peu plus ce bon one-shot.
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