D
eux années se sont écoulées depuis la mort de son frère. Afin de faire face à une situation qui lui échappait, Véra s'est engagée comme volontaire de la Croix Rouge en Afghanistan. Là, elle se trouve à nouveau au cœur de situations qu'elle n'était pas prête à affronter.
Après un premier cycle globalement réussi, le duo Perrissin-Pavlovic poursuit les aventures de Véra. Le pari est toujours risqué car cela nécessite d'être en capacité de surprendre à nouveau les lecteurs avec un scénario convaincant. C'est le cas avec Le Vent des 120 jours. Christian Perrissin a soldé le passé de son héroïne avec la mort de son frère qu'elle a cherché en allant au bout d'elle-même, mais aussi le refus qu'elle doit essuyer de se voir accorder la garde de sa fille, ou encore la nécessité de fuir son quotidien après un séjour en hôpital psychiatrique. Cette page tournée permet à l'auteur de commencer ce nouveau cycle comme s'il débutait une nouvelle série. Le contexte historique de ce nouveau volet participe pour beaucoup dans la réussite de cette suite. En effet, Perrissin entraîne Véra dans l'Afghanistan de l'après Talibans, où la paix est fragile et difficile à mettre en œuvre du fait de la méfiance des anciens chefs de guerre qui ont été trahis trop de fois. La crédibilité et la dimension politique de l'ensemble sont le fruit d'un travail de recherche et de documentation effectué en amont. La jeune femme n'est pas oubliée pour autant car son caractère entier, son audace et son franc-parler l'amènent à plonger au cœur d'un conflit opposant deux anciens généraux. Comme pour les précédents, cet album est marqué par la passion de Véra, celle qu'elle met au service de son travail, mais également celle qui guide ses sentiments.
L'évolution du dessin de Boro Pavlovic est perceptible depuis La Passagère du Capricorne. Qu'il s'agisse des personnages et leurs expressions ou les décors d'un pays meurtri par les guerres, l'ensemble est très soigné, travaillé dans les moindres détails. Le tout est rehaussé par une mise en couleurs propre à installer cette ambiance où la dureté de la situation côtoie la beauté des paysages. A noter que la couverture de ce nouvel album peut paraître comme la moins convaincante de la série.
El Niño passe avec succès l'examen de passage à un second cycle. Le Vent des 120 jours permet, non seulement, de relancer la série, mais également de lui donner une dimension plus profonde, plus politique. Une maturité à mettre au crédit d'un contexte à la fois riche et complexe.
Grand livre, une vrai révélation.
la seconde série d'El nino apparaît encore meilleure que la première.
Scénario fouillé et très attractif , imaginaire mais se basant sur des faits réels.
Dessins d'un pureté impeccable.
Du grand 9ème art.
10/10.