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rrance dans les méandres du sentiment amoureux, quand l’état l’emporte sur le « où » et le « quand ».
Pas réellement de commencement ni même de fin, tout en ressenti : les sens sont à fleur de peau, l’insignifiant submerge, l’immense semble accessible… Tantôt en total abandon, délaissant une narration classique pour se laisser dériver au gré de ses émotions, tantôt plus ancré dans le réel avec une histoire courte qui pourrait servir de fil rouge à tant d’autres. L’interprétation graphique est au diapason. Le trait, léger et souple, s’évade du réalisme au rythme des songeries du narrateur. Ponctuellement, le noir et blanc sert de contraste à une trace de rouge, plus ou moins marquée, plus ou moins visible, qui vient éclairer un détail, une scène, avec un degré variable d’à propos.
Dès lors, plusieurs lectures sont possibles. Il s’agit peut-être d’une question de tournure d’esprit à l’instant donné. Certains se laisseront porter par un ton qu’ils qualifieront de poétique, d’autres verront une légèreté agaçante et un trop-plein de bonheur qu’ils taxeront de mièvrerie. Le dessin, malgré des tentatives pour s'écarter des sentiers battus, est comme aseptisé et souffre d’une symbolique très classique. D’un point de vue général, l’ensemble peine à sortir du convenu, comme si Domas, essentiellement connue pour ses travaux destinés à un public jeunesse, s'était laissée débordée par un côté fleur bleue.
Indéniablement, Domas s’est offert un plaisir d’auteur en mettant Litost en textes et images. A conseiller à ceux qui nagent dans une douce euphorie amoureuse, peut-être seront-ils sensible à cet album dédié à cet état.
Cette litost est une véritable ballade dans les états d'âme d'un jeune marseillais plongé dans une crise amoureuse. Il fait une superbe rencontre avec une jolie moitié et on se demande pourquoi il y met fin aussi brutalement. J'ai eu du mal à comprendre ce papillonnage. Le mal de s'engager ?
Je ne vois pas quel réconfort on pourrait avoir dans la solitude ou le repli égoïste sur soi. Ceci n'est pas un jugement de valeur mais juste une incompréhension par rapport au personnage principal de ce récit dont l'identification me sera impossible...
C'est vrai qu'on ressent une impression de légèreté en lisant ce récit poétique. Les mots résonnent au-delà des cases. Il y a un beau travail qui a été réalisé dans cette mise en page audacieuse.
Il est dommage de ne pas ressentir plus de profondeur sur des thèmes aussi essentiels et variés que l'amour, la vie et la mort. C'est la rançon de la légèreté !