L
’orphelinat des Poucet est menacé de devoir mettre la clé sous la porte. L’établissement ne respecte guère les normes en vigueur, les Poucet père et mère sont accusés de maltraitance et leurs dernières subventions viennent de leur être retirées. Que faire si ce n’est se résoudre – de bon cœur – à abandonner les pensionnaires au cœur de la forêt… Mais le petit Mamadou, malgré les brimades et les corvées, veille au grain !
Fable sur la tolérance et le racisme, Le petit Mamadou Poucet revisite avec drôlerie et plus ou moins de bonheur le conte de Perrault. Résolument moderne, un soupçon foutraque, l’album distille un double niveau de lecture de nature à ravir tous les publics. S’il abonde en références au merveilleux et à la culture enfantine, il est aussi traversé de clins d’œil qui échapperont sans doute aux plus jeunes et pour lesquels une lecture accompagnée s’impose. Au détour d'une page, les enfants retrouveront ainsi le petit chaperon rouge ou les sept nains, Sangoku et quelques Pokémons en goguette. Si les Thénardier, Cosette et Jean Valjean s'invitent dans la danse, d’autres personnages bien plus sombres se mêlent à la ronde. L’Ogre portant bandeau noir n’est pas sans évoquer, au-delà de l’allusion au Comte Zaroff, un autre borgne illustre aux idées nauséabondes. Quant à sa fille, Narine, arborant cagoule blanche pointue, robe assortie, accompagnée d’une truie, l’allusion, à défaut de finesse, est tout aussi évidente. L’ensemble, par trop caricatural, manque parfois d’épaisseur. Si la morale est sauve, le propos méritait sans doute plus de subtilité et de moins gros sabots...
Point fort du récit, le trait dynamique, volontiers cartoony, de Morinière est à la fois plaisant et très accessible. La composition est inventive, les planches fourmillent de détails amusants quand les couleurs informatisées sont vives et particulièrement réussies.
Pédagogique et rigolo, un tantinet décousu, Le petit Mamadou Poucet s’inscrit dans la veine des albums précédents (Les Sept nains et demi, Les 3 petits cochons, Rufus le loup et le Petit Chaperon Rouge…) : un même credo, éveiller et apprendre en amusant !
Lire aussi la chronique de Trois petits cochons .
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