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in 1913, par une nuit de tempête, un homme terrorisé abandonne un bébé à un couple de pêcheurs. Vingt ans plus tard, Marcia apprend de son père adoptif mourant qu’elle était un nouveau-né qu’ils ont recueilli. Apprenant ainsi ses origines, la jeune femme se lance à la recherche de son père biologique, tout en essayant de comprendre pourquoi elle a été abandonnée. Avec pour seuls indices le nom du bateau qui l’amena sur cette île au large de l’Irlande et un héritage composé de vieilles pièces qui n’ont plus cours, Marcia entame sa quête de vérité. Une piste qui la mène vite sur les traces d’un vieux yacht, «La Dulcibella», et un héritage composé de Sesterces de Carausius qui la met peut-être à l’abri du besoin mais qui réveille également des secrets qui auraient mieux fait de rester engloutis là où ils étaient depuis deux mille ans …
Le premier tome de cette série de la collection Ligne d'horizon débute de manière assez classique avec une héroïne en quête de ses origines, pour finalement intégrer une part de fantastique. Au fil des pages, Yves Leclercq mêle espionnage, nazisme, sociétés secrètes et occultisme à son intrigue et finit par articuler son récit autour du mystérieux mage Aleister Crowley. Edward Alexander Crowley (1875 - 1947) est un scientifique et philosophe britannique connu pour ses écrits occultes et tout particulièrement pour son Livre de la Loi, le livre sacré de Thelema, décrivant une philosophie de vie dérivée de François Rabelais. Tout comme le milieu maritime intriguant, ce personnage auquel Ozzy Osbourne rend hommage dans Mr. Crowley contribue à faire naviguer le lecteur dans une épaisse brume de mystères.
Le dessin de Stéphane Heurteau (L’Ankou, Itinérêve d'un gentilhomme d'infortune, Miroir des fantasmes, Winston Hoggart) sert parfaitement le récit et parvient à installer l’ambiance adéquate pour cette aventure énigmatique. La colorisation en couleurs directes laisse cependant transparaître les crayonnés de manière parfois dérangeante, mais gagne en efficacité sur les scènes sombres. La gestion et transition visuelle des différentes époques couvertes par le scénario d’Yves Leclercq (Conquistador, Falkenberg, Hurlevent, La Nuit du lièvre, The mood, Twins) sont également assez réussies.
Un appareillage qui se fait dans un brouillard d’énigmes, d’occultisme et de secrets enfouis, mais un océan qui paraît encore fort vaste et totalement imprévisible. Même s’il est encore difficile de prédire si Lautremer aura le vent en poupe, rien n’empêche pour l’instant les bédéphiles d’aller à son abordage.
Début prometteur pour cette série aux dessins intéressants. L'intrigue mêlant plusieurs époques se met en place en sachant captiver notre intérêt. Marcia part à la recherche de ses origines 20 ans après avoir été abandonnée par une nuit de tempête, en retrouvant le bateau qui l'a amené. Mais cette quête inquiète une mystérieuse confrérie qui la suit de près.
Le suspens est lancé, la mise en image est réussie, on attend donc la suite.