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n marge des structures officielles, la Cellule Poison a été créée pour enquêter et démanteler les réseaux de prostitution. Claire en est l'instrument secret. Elle a accepté, pour sa première mission en sortant de l'école de Police, de s'infiltrer parmi les prostituées en devenant l'une d'entre elles. Quitte à plonger dans l'illégalité. Avec Zoran, son coéquipier, ils ont monté un club et acheté des filles à l'Est, afin de mieux comprendre le fonctionnement de la filière. Mais l'argent facile et la drogue rendent cet exercice d'équilibriste très dangereux pour l'un comme pour l'autre.
Laurent Astier a créé la surprise dans le premier tome de Cellule Poison avec un scénario original, une mise en scène nerveuse et une colorisation en bichromie surprenante et non conventionnelle. La Main dans le sac se révèle moins intéressant que les précédents car une grande partie de l'album est consacrée aux personnages secondaires et notamment ceux participant à cette filière dans les pays de l'Est, laissant l'héroïne de côté. Or, c'est le parcours de celle-ci et sa longue descente aux enfers qui sont captivants. Bien entendu, ces explications sont importantes, notamment celles sur le passé de Zoran qui permettent de mieux saisir la complexité du personnage. L'inconvénient de toutes ces précisions se trouve dans cette cassure imposée à un rythme qui était rapide et rendait la série atypique. Cela ressemble à une respiration que l'auteur a souhaitée avant de repartir de plus belle, au risque de laisser les lecteurs sur leur faim. Heureusement, la dernière partie relance à la fois l'intrigue et la perception de Claire et de Zoran tout en laissant l'ambiguïté s'installer. Les moyens mis en œuvre suffiront-ils à atteindre le but fixé ? Dans quelle mesure leurs choix personnels seront préjudiciable à l'enquête ?
En privilégiant des intrigues parallèles moins captivantes et qui prennent le pas sur l'histoire principale, La Main dans le sac ne crée pas le même enthousiasme que les débuts de la série. Passées ces explications nécessaires mais finalement envahissantes, l'optimisme renaît avec la fin qui promet une poursuite du récit plus dense, et certainement plus dure.
Troisième tome de la Cellule poison, au cœur des réseaux de la prostitution européenne. Laurent Astier signe un album prenant, avec de nombreux allers-retours entre 1999 et 2006. Les dessins sont particuliers mais collent bien à cet univers sombre. La mise en couleur est superbe.