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R97 Les hommes à terre

23/05/2008 12133 visiteurs 6.8/10 (5 notes)

T héo a 17 ans et vient de terminer sa formation aux Arpètes. Pour sa première campagne, il embarque à bord du porte-hélicoptères Jeanne d'Arc. Commence alors pour lui une grande aventure, celle qui marque un homme pour le reste de sa vie.

R97 est son matricule. Pourtant dans le cœur des Brestois, elle est surtout connue sous le nom de « La Jeanne », avec cette fierté de savoir leur port comme le point de départ de ses campagnes. Les habitants s'accrochent à ce navire comme le symbole des derniers vestiges d'une longue histoire d'amour entre la ville et la Royale. Sur ce bâtiment de surface ont été formés des générations d'officiers et de marins. Bernard Giraudeau fut l'un d'entre eux. Surtout connu pour sa carrière dans le septième Art et plus récemment en tant qu'écrivain, il l'est beaucoup moins pour les années passées au service de la Marine Nationale. Il a eu le privilège de participer aux premières campagnes de celle qui s'appelait, au moment de sa construction, La Résolue avant d'être définitivement baptisée « Jeanne d'Arc ».

Son engagement dans cet album n'a vraiment rien d'un coup marketing, il s'agit de la rencontre d'un homme des mots avec celui des images, de leur désir de travailler ensemble sur un récit de voyages. Christian Cailleaux et Bernard Giraudeau ont écrit R97, une histoire librement inspirée des romans de ce dernier : Le Marin à l'ancre et Les Hommes à terre.

R97 raconte la première campagne d'un jeune marin sur ce navire-école. Bien que sans surprises, le schéma narratif n'en reste pas moins très efficace et très bien construit avec cette alternance entre la vie à bord et les moments à terre. Les auteurs jouent avec cette dualité où, d'une part l'équipage fait corps avec la machine, entièrement à son service, et les escales où ils redeviennent des individus face à leur destin. Le récit suit le parcours de Théo qui va vivre un profond bouleversement dans sa vie, chaque escale sera un pas de plus dans ce rite initiatique qui fera de lui un homme. Avec dureté, quelques pointes d'humour et beaucoup de tendresse, les auteurs rendent ce personnage très attachant, confronté à ses idéaux, ses doutes. Au fil des mots, c'est une page importante de sa vie qui s'écrit.

A l'instar de Christophe Blain avec le Réducteur de vitesse présentant la machine comme un être vivant, Christian Cailleaux préfère s'attacher aux ambiances plutôt qu'aux considérations techniques, selon lui moins intéressantes. Le ton est d'ailleurs vite donné dès les premières pages où Théo déambule dans les rues sombres et pluvieuses du port de Brest avant d'embarquer. Le dessinateur, dans un style à la fois épuré et chargé de rayures et de hachures, privilégie l'essentiel, utilisant les décors lorsqu'ils sont vraiment nécessaires, cherchant à ce que chaque case soit un moment unique capable de se prolonger dans l'imagination du lecteur avant de passer à la suivante. Le résultat de ce carnet de voyages où chaque escale est illustrée comme une carte postale, est à la hauteur du récit : dépaysant.

R97 est un superbe récit de marins, navigant de femmes en aventures, expliquant qu'un homme, même s'il la quitte un temps pour des bras accueillants, revient toujours vers la mer. C'est également une invitation au voyage, partager la découverte de tous ces ports si exotiques. Indiscutablement, un album à découvrir.


> Visiter le site de Christian Cailleaux

Par D. Ollivier
Moyenne des chroniqueurs
6.8

Informations sur l'album

R97
Les hommes à terre

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Note: 3.8/5 (46 votes)

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 25/10/2020 à 17:02:36

    C'est un album à la fois dédié à la mer et aux escales à travers le monde. On suit un matelot à peine âgé de 17 ans dans un voyage initiatique à bord du R97 (numéro de coque du fameux porte-hélicoptère Jeanne d'Arc). Ce matelot va devenir célèbre puisqu'il s'agit de Bernard Giraudeau, le fameux acteur français nominé aux César 2001 qui s'est retiré depuis dans l'écriture. En effet, il s'agit d'une adaptation d'un de ses propres écrits. Il est vrai que Casterman a fait dernièrement appel à Vincent Perez pour réaliser La Forêt. Cette démarche peu commune est intéressante.

    La réussite de cet album provient du fait qu'on arrive à ressentir toutes les saveurs exotiques d'un tel périple et surtout d'en apprécier l'ambiance. D'escale en escale, on découvre les histoires de marins et surtout les femmes qui hantent toutes les destinations.

    J'aime beaucoup la préface avec ce petit mot de l'auteur : "un marin n'a pas de liaison à part la mer. Il jure de ne jamais oublier une femme qu'il a connue dans un port, qu'il a passionnément aimée. Puis, un soir, la mer s'engouffre pour brouiller les images. Elle l'hypnotise et le marin s'endort. Au réveil, il attend avec impatience les parfums échappés de la prochaine terre". C'est bigrement poétique ! ;)

    J'ai beaucoup aimé ce voyage entre douceur et exotisme. Pour l'agrémenter, on bénéficie d'un trait du dessin épuré et parfois chargé de rayures comme pour souligner les différentes atmosphères de ce tour du monde (de Brest la pluvieuse à la chaude Djibouti). Le garçon va devenir un homme en découvrant l'amour au terme de cette aventure qu'on suivra avec plaisir. Un carnet de voyage dépaysant à souhait !

    Hugui Le 05/10/2013 à 20:02:53

    Voyage initiatique de Bernard Giraudeau jeune matelot de 17 ans qui fait son premier tour du monde dans les machines de la Jeanne d'Arc. Certes l'ambiance des ports (bar et filles vénales) est un peu répétitive, mais on est touché par la recherche d'absolu du héros dans cette ambiance. Les dessins style roman graphique sont très expressifs et certaines cartes postales sont réussis, mais je reste un peu sur ma faim des grands espaces et des paysages.
    Au total un bon album .

    vacom Le 25/06/2013 à 17:05:10

    Beaucoup de belles ambiances et de beaux mots dans cette histoire au long cours. Après lecture, des couleurs restent en mémoire. L'élégance du trait aussi. Et des sonorités, comme quelque chose de mélodieux qu'on aime garder dans un coin de sa mémoire.

    Daniel29 Le 03/03/2009 à 10:41:13

    De la BD qui pète plus haut que son cul. Un dessin péteux pour un récit sans grand intérêt. À en croire l'auteur, les marins ne penseraient qu'à se taper des putes à chaque escale. On ne sait rien du but de leur voyage. J'imagine qu'on n'emmène pas tous ses marins en vacances pour visiter les bordels du monde entier ?...

    toine74 Le 03/06/2008 à 16:04:30

    Faire le tour du monde en bateau, qui n'a jamais rêvé de réaliser un tel périple ? L'état français "offre" cette possibilité aux apprentis marins qui souhaitent s'engager dans la marine de guerre (la Royale). Christian Cailleaux raconte ce voyage en se basant sur les souvenirs de Bernard Giraudeau (de la classe '67).

    A bord de la Jeanne d'Arc, Théo, jeune matelot, s'embarque pour un périple aussi bien initiatique que formatif. D'un côté nous suivons l'évolution (l'éducation) de ce jeune matelot de 17 ans qui découvre la vie et de l'autre nous suivons la Jeanne d'Arc au fil des escales. Comme le rythme de la navigation cette BD avance à sa propre "vitesse". En mer, on a le temps de réfléchir, de voir les choses arriver. Sur terre c'est différent, l'escale est courte et on doit profiter de chaque minute. Outre les histoires de marins, de femmes et de boissons, on découvre surtout la beauté du monde et de ses habitants.

    Le trait de Cailleaux, directement dans la lignée de Christophe Blain, décrit parfaitement cette ambiance un peu floue du voyage au long court. C'est plus une histoire d'impressions qu'un guide de voyage. Le dessin ne décrit pas minutieusement le voyage, il offre des clefs d'une version possible du monde.

    Une BD pour les amoureux du voyage et tout ceux qui aiment rêver devant un atlas ouvert.

    Pascal et Caro Le 22/04/2008 à 09:43:00

    Un voyage initiatique aux parfums d'outre mer. Un régal !
    Prenez à la plume Bernard Giraudeau, écrivain de Marine et surtout marin dans
    sa jeunesse avant de devenir acteur, et au dessin Christian Cailleaux, déjà auteur
    entre autres des magnifiques "troisième thé" et "les imposteurs", vous obtiendrez
    ce chef d'oeuvre qui raconte le voyage initiatique d'un jeune marin (derrière
    lequel se cache Bernard Giraudeau) autour du monde à bord du R97 (numéro de
    coque du fameux porte hélicoptères Jeanne d'Arc). J'ai adoré et j'y ai trouvé le
    même plaisir qu'à la lecture du "réducteur de vitesse" de Christophe Blain. Bon
    voyage !