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rédérik Peeters (Lupus, Koma, Pilules Bleues) se raconte, ou plutôt raconte à sa femme sa propre grossesse et la naissance de leur fille. Mélange de texte et de croquis, Onomatopées alterne les moments de joies, de doute et d'humour de la condition de futur père, dans les conditions bien particulières que sont celles du couple Peeters.
Quoique que puisse en dire Peeters en introduction, "Onomatopées" est bien la suite de "Pilules bleues". Pas dans la forme ni entièrement dans le fond, mais dans la chronologie. A l'approche de la paternité, le père est en proie aux incertitudes, aux plaisirs et aux futures responsabilités, qui ici, sont exacerbées par les risques que la séropositivité de la mère implique. Cette séropositivité, ainsi que ses contraintes et effets, sont largement couchés sur le papier dans "Pilules Bleues". Ici le sujet est autre : la grossesse, l'accouchement et le rôle de mari puis de père relaté au jour le jour (ou presque).
Ce carnet n'est pas une bd traditionnelle, et c'est en ça que Peeters ne veut pas que cela soit un "Pilules bleues 2". C'est une sorte de thérapie. Au même titre que les carnets de Trondheim (dont la forme est semblable : ratures, croquis accompagnés de texte, absence de correction, …) ces pages sont un exutoire qui pemettent à l'auteur de combattre son stress en le faisant partager a postériori à sa femme (et accessoirement à nous lecteurs). Tout ça sans oublier la pointe d'exhibitionnisme propre à tout récit autobiographique.
Pas de pleurnicheries ni de bons sentiments, mais une lettre ouverte à sa femme sur une situation banale (celle de futur papa) dans un contexte particulier. Le risque de contamination par le virus HIV est omniprésent, mais toujours relégué, par une stratégie de combat mental sans doute, au second plan. Peeters étant plus torturé par l'idée d'être père que par les contraintes de cette grossesse à risque. L'humour présent à presque toutes les pages rend la lecture très fluide, à tel point qu'on en oublie souvent l'ombre prédatrice du bonheur.
Peeters se met à nu, sans retenues mais sans jamais être outrancier. Agrémenté de croquis magnifiques de sa femme enceinte (que c'est beau une femme enceinte !) et de dessins minimalistes et très expressifs, ce carnet est un petit bijou graphique plein de sensibilité que seul le caractère confidentiel de son tirage (500 exemplaires) et le prix prohibitif (39,50 euros) pourraient rendre inabordable. Que cela serait dommage !
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