U
n vieil homme, seul, se remémore les années les plus noires de sa vie, celles qui le hantent encore aujourd'hui. Il était alors étudiant en médecine et, pour son plus grand malheur, il s'est lié d'amitié avec le jeune West. Celui-ci, aussi intelligent qu'inquiétant, était persuadé que la vie et la mort sont de simples phénomènes mécaniques : il fera tout, pratiquant des expériences de plus en plus morbides, pour enlever au trépas son caractère définitif.
Adaptation d'une œuvre de Lovecraft, l'un des maîtres incontestés de l'horreur, Reanimator marque en premier lieu par le style graphique de son auteur Florent Calvez (U-29, Les Aventures extraordinaires de Nelson Lobster). D'un bout à l'autre, l'ambiance est sombre, lugubre, et interdit au lecteur tout espoir d'une fin heureuse. Une fois l'atmosphère posée et les décors esquissés, les personnages peuvent s'y installer et se livrer à leurs recherches secrètes. Ils forment le couple traditionnel du meneur sans scrupule, pour qui la fin justifie les moyens, et du suiveur qui oscille entre peur et fascination. Mais quels que soient leurs rôles, tous deux sont entraînés dans une voie sans retour. Le coup de crayon de Florent Calvez est parfait pour dépeindre leurs émotions, ou au contraire l'absence d'émotions, de même que les dommages sans cesse plus nombreux des actes causés par leur folie grandissante.
L'auteur se pose ainsi en virtuose avec un mélange de couleurs feutrées, de traits hésitants où transparaît toute l'incertitude de leur entreprise et de découpages subtils qui offrent une mise en scène irréprochable. Il y a toutefois deux éléments qui viennent tempérer l'enthousiasme de l'amateur de récits d'horreur à l'ambiance malsaine. D'abord la forme littéraire empruntée pour le récitatif : la voie off est bien écrite et présage d'une fin inéluctable mais ne maintient pas toujours le rythme, de quoi regretter la faible présence de dialogues qui auraient permis aux personnages d'encore plus se mettre à nu. Ensuite l'histoire en elle-même qui présente la figure classique du savant fou dépassé par sa propre intelligence, thème classique et maintes fois visité, ce qui laisse peu de place à la surprise pour une nouvelle adaptation.
Dans l'ensemble, Reanimator permet à Florent Calvez de révéler toute l'ampleur de son talent graphique, mis au service d'un scénario aux accents datés et qui ne laissera pas un souvenir impérissable aux lecteurs ne vouant pas un culte inaltérable à Lovecraft. Il n'en faut pas plus pour espérer le revoir bientôt avec un projet encore plus personnel.
Adapter du Lovecraft en BD n'est pas chose à portée de tout le monde. Mais Calvez en est le spécialiste.
Il nous entraîne au fil des pages, à la couleur marron dominante, sur les traces de deux jeunes médecins à la recherche d'un antidote à la mort. Evidemment, comme dans tout Lovecraft les expériences tournent mal mais la fascination est la plus forte.
Le dessin est agréable et l'ambiance bien adaptée à l'histoire. Le scénario passe très bien sous forme de BD, même si l'horreur ne transpire pas vraiment en dehors de la fascination malsaine des madecins
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Reanimator est une bonne BD du genre, à lire pour les amateurs et ceux désireux de découvrir Lovecraft sous un autre angle.