T
ous les soirs, Dave, jeune homme palot, travaille au Last Stop, la boutique de Radu, son maître. Ce prince transylvanien entend bien éduquer celui qu’il a transformé en vampire. Seulement Dave, végétarien, ne supporte pas le sang et refuse d’en boire. A cause de cela, il est sans cesse en butte aux moqueries gentilles de ses amis Jérôme et Carl, ainsi qu’à celles bien moins sympathiques de Wes. Quand Rosa, charmante goth mexicaine et fan des suceurs de sang, débarque au Last Stop, Dave tombe sous le charme. Mais sa timidité ne l’aide pas à draguer la belle. Peut-être qu'en ayant Wes pour rival insupportable, il finira par montrer ses crocs...
Les histoires de vampires ne manquent pas dans la littérature, au cinéma ou à la télévision. Nul n’ignore leur pouvoir d’hypnotiseur, leur goût pour le sang frais ou leur incroyable force. Même l’humour fait bon ménage avec les Nosferatu et autres Dracula et le registre comique a déjà été bien des fois utilisé. Jessica Abel (La Perdida) et Gabe Soria livrent donc avec Ouvert la nuit ! un énième récit vampirique dont l’originalité reste faible. Reprenant les clichés du genre, les auteurs les exagèrent et prennent plaisir à les caricaturer. Pour ménager les effets comiques, ils distillent aussi des détails qui prêtent à sourire, comme le fait que tout vampire qu’il soit, le héros doit travailler pour payer son loyer. Cependant, faire de ces êtres surnaturels des personnages si communs, finit par les rendre un peu fades et sans grand relief. Car, les rares scènes de morsures et de violence propres à cette engeance mises de côté, il ne reste qu’une romance assez banale, basée sur un triangle amoureux tout ce qu’il y a de plus classique : la jolie fille, le gentil garçon timide et le frimeur. Heureusement, la lente évolution du caractère de Dave tient en éveil l’intérêt du lecteur et la fin satisfait au minimum de ses attentes. Quoique de bonne facture, le graphisme de Warren Pleece est trop figé pour apporter un peu de vivacité à l'ensemble. Il ne ménage aucune surprise ni aucun suspense et l'ancrage dans un quotidien morne n'aide pas à s'enthousiasmer lorsqu'il se passe vraiment quelque chose.
Sans être mémorable, Ouvert la nuit ! est une lecture agréable. Dommage que l'histoire manque de mordant !
On a affaire à un gros bonbon ici. Pas trop juteux, pas trop sucré. Juste correct
pour faire passer un bon moment sans plus.
Ouvert la nuit ne passera pas aux annales, c'est une certitude. Sauf qu'on y passe
un bon moment. Avec toutes les histoires de vampires qui courrent les rues de ce
temps-ci, une de plus ou de moins ne fera pas la différence.
Un peu comme manger du Mcdonald's. Sur le coup, c'est bon, deux heures après
on a oublié.
Vive les vampires végétariens!
Le mélange des genres est certainement la tendance actuelle la plus féconde, et la jeune BD US, l'une des plus créatives sur la planète actuellement, nous ravit une fois encore avec ce "Life Sucks" (joli titre original, mais jeu de mot intraduisible) : à partir du principe établi par "Buffy" - plusieurs fois cité ici -, intégrer et rénover le genre "histoires de vampires" dans le soap adolescent, Abel et Soria poussent la logique un cran plus loin. Il s'agit ici de décrire la vie quotidienne du vampire moyen dans le L.A. actuel, et les conflits souvent cocasses, parfois déchirants entre le mode de vie forcément marginal d'un non-mort et ses aspirations les plus triviales : travailler pour payer son loyer, séduire la jeune fille qui passe tous les soirs au magasin où il travaille. "Ouvert la nuit" (bon, pas si mal, le titre français...) adopte logiquement la forme standard du feuilleton TV - jusqu'à ces nombreuses cases, où les personnages, cadrés en plan américain, parlent, parlent - et fait naître peu à peu un sentiment de familiarité, de compassion même, aussi singulier qu'excitant. Signalons aussi le beau dessin, simple et très lisible, de Warren Pleece, tout au service d'une narration élégante.