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as évident de trouver un boulot convenable lorsqu’on sort de taule ! C’est donc au bas de la pyramide que Henry James tente de réintégrer la société, en tant qu’exterminateur dans la compagnie de dératisation de son beau-père. Grâce à des collègues aussi barges que dévoués, Henry découvre rapidement les ficelles de ce métier fortement sous-estimé. De plus, d’étranges effets secondaires s’avèrent liés à l’utilisation du produit chimique anti-cafard produit par Ocran Industries, l’employeur de la compagne d’Henry. Un gel toxique censé détruire ces sales bestioles, mais qui semble également accroître la hargne et la vitesse de reproduction d’une partie de cette population de nuisibles. Et si les véritables exterminateurs n’étaient pas les employés de Bug-Bee-Gone ?
Derrière cette couverture peu appétissante se cachent les cinq premiers épisodes d’une nouvelle série de la collection Vertigo de DC Comics, lancée en 2006 aux États-Unis. Si Tony Moore, dessinateur nominé aux Eisner Awards 2005 pour la saga Walking Dead, est loin d’être un inconnu, il n’en va pas de même pour Simon Oliver qui fait ici ses débuts dans le monde des comics avec un scénario qu’il destinait initialement aux séries TV.
En suivant les premiers pas d’Henry James, le lecteur découvre le quotidien de ces chasseurs d’insectes ainsi que leur habitat naturel, peu enviable mais propice au développement d’un récit bien poisseux. Comme décor, les bas-fonds insalubres de Los Angeles, véritable nid à vermine, font office de frontière entre le rêve américain et le cauchemar rampant de la gentille ménagère. Il est évident que le sujet peu emballant et un feuilletage furtif de ce tome peuvent faire craindre pour un scénario trop superficiel construit essentiellement sur des scènes gore gratuites. Force est toutefois de constater que malgré son inexpérience, Simon Oliver s’en sort plutôt bien. Son récit tient la route et la prolifération des insectes se fait de plus en plus menaçante au fil des pages, entretenant ainsi un bon petit suspense. Un étrange scarabée vert permet également à l’auteur de développer une intrigue de fond intéressante concernant une mystérieuse malédiction apocalyptique.
Après avoir assuré le graphisme du début de la série Walking Dead aux côtés de Charly Adlard, Tony Moore récidive dans le glauque avec des insectes plus vrais que nature et quelques planches qui écœureront les âmes les plus sensibles. Boyaux éclatés, tripes à l’air, macchabées recouverts de cafards : certains passages ne font pas dans la dentelle et ne manqueront pas de rebuter les fans de 30 millions d'amis. Si quelques scènes abusent inévitablement du sordide, la plupart sont cependant bien amenées et contribuent à installer un humour noir assez jubilatoire. Les héros n’ont rien non plus de vraiment glorieux et n’hésitent pas à voler la vedette aux bestioles quand il s’agit de dégoûter le lecteur averti. Des collègues psychopathes, drogués ou pervers sexuels, une petite amie bisexuelle carriériste, un protagoniste principal qui sort de prison, quelques autres caractères bien trempés et une profusion d’animaux répugnants dans le rôle de l'ennemi assurent l’originalité en matière de casting.
Un thème finalement plus surprenant que saugrenu, un héros qui ne sait pas encore où il met les pieds, un humour macabre, du sexe bien crado, un rat suicidaire, des passages répugnants et pas mal de violence : de quoi ravir les amateurs du genre !
c'est deg', affreux, immonde... les aventures d'un "exterminateur" (et pas
seulement de cafards, mais aussi de rats, mulots, vers...) qui fait ses premiers
pas dans le métier. On suit ainsi ses péripéties hautement gerbantes soutenues
par un dessin pour le moins... efficace, et dont les couleurs flamboyantes
donnent un côté encore plus vif aux amas de putréfactions qui nous son montrés
ici.
Le point fort de cette BD, outre l'originalité de sujet traité, c'est évidemment sa
capacité à nous faire partager la plus haute sensation de dégoût, et on
manquerait presque de lâcher un dégueulis tant on se laisse facilement emporter
par les scènes les plus répugnantes.
Ajoutez à cela des personnages pour le moins atypiques, une intrigue "chimico-
mutante" qui se met bien en place et une bonne dose de mystère magico-
mystique, et vous avez un excellent divertissement. À ne pas trop prendre au
sérieurx evidemment.