T
errasse d’un café, parisien il va sans dire, Eva et sa copine Olivia tergiversent sur le programme de leur soirée :
« - On peut aller au Chicouclub…
- Oh naaan … ».
Blasées ? Pas seulement, girouettes aussi, car lorsque le portable sonne et qu’Arsène (prononcer Arsèèèene) propose de se retrouver au Chicouclub « OK ! Super ! Génial ! A ce soir ! Ciao ! ». Night-clubbing, shopping et cardio-fesso training agrémentent une vie trépidante entièrement vouée à ce qui relève du futile. De temps en temps, une mère de passage ou un réveil difficile (hommage vibrant à « tu t’es vue quand t’as bu ») ponctuent ce quotidien hystérique.
Le sticker sur le premier plat l’annonce sans détour « Vu dans Voici ». Second degré ? Du tout, car effectivement pré-publié dans ledit magazine. Sous forme de recueil d’histoires en une planche, c’est un récit qui prend forme. Eva, secrétaire à ses heures perdues, oscille entre fashion victim et sacrée pétasse ! Voilà un cocktail bien agaçant de prime abord, mais à la manière du chat avec la souris, Aude Picault s’amuse avec Eva et la confronte à ses propres contradictions à un rythme effréné, soutenu par un découpage dynamique. Force est cependant de constater que sa jeune protagoniste s’en accommode sans mal, pour être exact, ça lui glisse littéralement dessus.
Souvent drôle et bien vu, certainement léger, Eva est le pendant colorisé du plus intimiste et moins extravagant Moi je. Le dessin s’est affiné, moins punk, il a gagné en régularité. Simple mais efficace, le trait d’A. Picault donne aux visages des expressions sur lesquelles il est jubilatoire de s’attarder. Les dialogues en mode djeun’s, tantôt déphasés tantôt pris d’un fol enthousiasme, passent comme une lettre à la poste.
Oui, Eva peut être considérée comme fatigante, voire même exaspérante. Certes. Mais ses tribulations ont cela de jouissif, c’est qu'une fois couchées sur le papier, seul le risible demeure ! So hype...
C'est la chronique d'une jeune parisienne actuelle approchant la trentaine qui collectionne les mecs faciles. C'est vrai qu'elle cherche désespérément l'amour de sa vie. Je pense qu'elle ne le trouvera jamais car elle est bien trop difficile et n'a visiblement que des valeurs assez surfaites surfant par exemple sur la mode. On n'a pas trop envie de plaindre cette jeune fille bourgeoise qui prend tout à la légère à commencer par son job.
Aude Picault s'essaye à décrire le mode de vie de la jeune femme d'aujourd'hui. Elles ne sont heureusement pas toutes comme cela. Pour rien au monde, je n'en voudrais même en éprouvant une certaine pitié. La superficialité et le côté grande gueule sont loin de me délecter. Fort heureusement, il y a l'humour qui sauve la mise. Encore faut-il savoir l'apprécier ! J'ai l'esprit large, cela ira. C'est so hype !