L
orsque François lui propose de venir vivre avec lui, Rachel lui répond qu’elle préfère d’abord trouver un travail afin de ne pas être à sa charge. Elle postule donc dans différents salons de coiffure et, en fin de journée, vient confier ses peines à sa colocataire Rose, une barmaid sans complexe. Au café, elle prend rapidement la mouche quand le séduisant Richard lui lance la moindre pique, et dans son immeuble, elle est désagréable avec Raul, un nouveau voisin plutôt mignon. Pour régler ses problèmes, Rachel ravale sa fierté en demandant de l’aide à sa mère, une psychiatre nombriliste, mais elle se rend compte dans le même temps que sa relation avec François s’étiole faute d’attentions.
Avec R, Manboou livre la chronique d’une jeunesse moderne préoccupée par ses amours et le boulot. Cette tranche de vie rappelle celle de Fred et Sophie, une de ses séries précédentes. Mais si cette dernière s’avérait assez agréable et bien faite pour une première bande dessinée, le présent album incline à moins d’indulgence. L’intrigue de ce premier tome intitulé Rachel donne l’impression d’être cousue de fil blanc et manque cruellement d’intensité ainsi que de rythme. Les évènements se déroulent en effet sans aucune surprise. Quant aux interrogations de l’héroïne, elles paraissent avoir un ou deux trains de retard par rapport à ce que discerne le lecteur. D’ailleurs, bien que remémorant peut-être pour certaines quelques uns de leurs propres questionnements au même âge, on n’y trouve rien de transcendant. Les histoires de cœur de Rachel et ses déboires pour trouver un emploi n’excitent guère la curiosité car ils sont trop communs et traités avec trop peu de saveur pour éveiller un véritable intérêt. Toutefois, l’humour comme le comique de certains passages, quoiqu’un peu grossiers, parviennent à masquer de façon suffisante la carence du scénario, ou du moins à ne pas rendre ce dernier trop insipide. Doté d’un trait fin, le graphisme de Manboou est nettement influencé par celui des mangas. En effet, alors que ses personnages ont des caractères très européens, les trames diverses fleurissent, et la dessinatrice recourt à l’utilisation des codes propres à la BD japonaise pour souligner les émotions ainsi qu’à l’expressivité presque exagérée des visages. Ce mélange se révèle plutôt plaisant malgré quelques fautes dans les proportions.
Pourvu d’un scénario léger et sans véritable suspense, le tome 1 de R. n’est pas mémorable mais suffisamment distrayant pour passer un bon moment.
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