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ire de Christopher Chance qu'il est garde du corps, même le meilleur, est aussi absurde que de dire d'Albert Einstein qu'il s'y connaissait en physique des particules. Chance, le bien nommé, est l'Human Target, protégeant ses clients en les remplaçant littéralement dans leur vie tel le plus doué des caméléons, se rendant insoupçonnable pour la compagne ou l'ami. Mais ce mimétisme parfait a un prix : la personnalité de Chance a tendance à se diluer au fil des identités successives. Chaque affaire met ainsi son "moi" en péril, l'envoyant aux frontières de la schizophrénie.
Autant le dire tout net : c'est à raison que Peter Milligan relance cette excellente série après le décès en 1999 de son premier dessinateur, Edvin Biukovic. Dans Dernière Bobine, Javier Pulido reprend donc le flambeau du dessin dans un style très différent où l'expressivité prime. Plus nerveux, moins réaliste, l'efficacité n'en est pas moins au rendez-vous.
Avec un personnage central complexe, le lecteur peut se régaler. Le thème de la personnalité qui se perd et se retrouve, le tout au milieu d'un suspens policier, tient le public en haleine. Le scénario sait aussi jouer avec le public. L'action de ce tome se déroulant à Hollywood, permet une certaine mise en abîme de la condition de Chance, du métier d'acteur et de scénariste, et par là, du travail de Milligan lui-même.
Du très bon polar, espérons que les balles continuent longtemps d'épargner Christopher Chance !
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