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uand André et Ostap rentrèrent enfin chez eux, après avoir terminé leurs études à Kiev, ils s'attendaient très certainement à un accueil plus chaleureux de la part de leur père, Taras Boulba. Or, ce dernier est un cosaque Zaporague, un être fier et belliqueux, soucieux de donner à ses deux fils une éducation guerrière, d'en faire des hommes capables d'aller combattre les Polonais, au nom de la défense de la foi orthodoxe. Contre l'avis de leur mère, les deux frères sont envoyés à la Stetch, un campement militaire situé tout près des lignes ennemies.
Après Le Cœur des Batailles, Taras Boulba est la deuxième collaboration de Igor Kordey et Jean-David Morvan dans la collection "Histoires & Histoires" des éditions Delcourt. Les aventures du cosaque sont issues d'un roman écrit par Nicolas Gogol et publié dans sa première version en 1835. Le personnage fut rendu célèbre par l'interprétation magistrale de Yul Brynner, dans un film de J.Lee Thompson sorti en 1962.
Ce premier tome campe le décor dans les steppes de l'Ukraine du XVIIe siècle. Comme tous les cosaques Zaporagues, Taras Boulba est avant tout un aventurier et un homme libre. Ainsi qu'il aime le rappeler, il n'hésite pas à tirer sa lame devant des commissaires polonais qui lui manquent de respect, lorsque la foi orthodoxe est bafouée ou contre les Turcs et les Mahométans. Ce qui lui donne finalement bon nombre d'occasions de trancher quelques têtes. Ses deux fils, André et Ostap, marchent sur les traces de leur père, malgré des caractères très éloignés l'un de l'autre. Le second est plus sensible, moins enclin à manier le sabre et à devenir un vrai combattant. Son coup de foudre pour la fille du gouverneur polonais préfigure le drame qui va bientôt se jouer. Morvan se livre à une comparaison astucieuse, peut-être pas très intuitive mais fort originale, des trois principaux protagonistes. Sur quelques pages, les pensées et parcours de Taras, André et Ostap sont décrits sur des bandes parallèles, permettant d'avoir un point de vue différent sur le déroulement de leur vie.
Au dessin, Kordey présente une galerie de personnages plutôt réussis. La violence des cosaques, de Taras Boulba en particulier, est représentée par des yeux souvent exorbités lors de délires frénétiques frisant la démence. Ostap, en revanche, est le seul, en dehors de sa mère, dont le visage trahit parfois un peu de tendresse. Les paysages de la steppe ukrainienne donnent lieu à quelques tableaux remarquables représentant des immenses étendues de prairies peuplées d'animaux sauvages et simplement éclairées par un coucher de soleil. Une certaine vision de la liberté. Tout juste pourrait-on reprocher, de temps en temps, des couleurs un peu trop sombres, notamment dans les scènes d'intérieur.
L'adaptation de J.D. Morvan se veut fidèle au roman original. Ainsi, ce premier tome, d'une série prévue en trois volumes, n'est peut-être pas des plus exaltants ni des plus captivants mais se révèle nécessaire pour mettre en place toute l'articulation du drame qui se prépare. Nul doute que la suite devrait se montrer autrement plus attrayante.
Cette histoire retrace un épisode de la vie de Taras Boulba partant à la guerre avec ses deux fils aux caractéres bien différents. La suite est toute traçée entre le fils aînée,futur guerrier et chef, et le second, amoureux de la fiancée impossible et peu enclin à guerroyer.
Hormis les planches sur les pensées parralléles du pére et des deux frères bien réussies par l'auteur, cette oeuvre n'est pas très attractive certainement dû à des dessins manquant d'originalité et un scénario peu fouillé.