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arianne Bell est française par sa mère et anglaise par son père, un homme dont elle ne sait pas grand chose si ce n'est qu'il périt au combat. De ce héros de guerre, elle a fait une source d'inspiration au quotidien. Une vision idéalisée qui sera remise en cause suite à une rencontre fortuite avec un ancien compagnon d'armes de ce soldat dont la vie comporte certaines zones d'ombre. Il s'ensuit alors une longue quête dans le passé familial, qui aura ses ramifications jusque dans la vie de la jeune femme.
Nouveau venu sous le label Quadrants, Quelques pas vers la lumière va clairement à contre-courant de toutes les tendances actuelles avec une ligne claire qui rappellera de bons souvenirs aux nostalgiques de tous poils. Peu connu du grand public malgré plusieurs publications à son actif (Lumière de sable, Little Nemo...), son auteur, Bruno Marchand, fut pourtant le coloriste attitré de Marvano sur des séries comme Dallas Barr ou La guerre éternelle. Un illustrateur avec qui il partage d'ailleurs une conception de la bande dessinée davantage basée sur le sens du cadrage que sur celui du mouvement. De E.P. Jacobs à André Juillard, en passant par Hergé lui-même, d'autres références viennent spontanément à l'esprit et établissent une filiation on ne peut plus limpide.
Tout dans cet album renvoie en effet à ce style que certains associent à un âge d'or et d'autres à un ennui profond. Il n'empêche, quelque soit l'avis de chacun sur la question, Bruno Marchand fait indéniablement preuve d'un mimétisme qui n'est pas sans rappeler André Juillard reprenant Blake et Mortimer aux côtés d'Yves Sente. Effet garanti avec un trait figé comme il se doit mais élégant. Les couleurs très douces font, elles aussi, ressurgir quelques anciennes lectures au premier rang desquelles figure le fameux Cahier bleu du même Juillard. Des références prestigieuses dont l'auteur, évitant l'écueil de la vulgaire copie, parvient à se dégager tant il donne d'un autre côté un caractère très personnel à son récit. Cette appropriation du genre dans lequel il s'inscrit se remarque dans les dialogues et récitatifs qui accompagnent l'héroïne : non pas au niveau d'une forme très littéraire, dans le sens "écrit" du terme, mais bien d'un fond qui, loin d'une simple description de l'action qui a lieu sous nos yeux, se focalise plus sur l'état d'esprit des personnages.
Il n'est donc pas question ici de tirades du genre "Mais le diabolique individu se jette en arrière avec un éclat de rire strident et, brusquement, d'un élan prodigieux, fracasse montants et vitres, bondit à travers une fenêtre proche, se reçoit sur un auvent et, de là, avec la souplesse d'un félin, saute sur le trottoir puis, du milieu de la rue, il adresse un hurlement de défi à Blake...". Elles sont remplacées par des réflexions personnelles comme "Parfois, je m'éveillais cherchant à me concentrer pour garder à moi quelques bribes de ces connaissances qui commençaient déjà à m'échapper... puis je plongeais à nouveau dans ce rêve qui semblait se répéter à l'infini... au matin, il ne restait que de la frustration". Avantageusement ? Ce sera à chacun d'en juger mais l'auteur rend le propos par là même plus moderne sans se départir de son style plutôt vieux jeu. Une dichotomie entre le fond et la forme qui renforce encore la singularité de cette Géométrie du hasard.
Une singularité qui s'exprime également par le thème du destin et de l'aspect cyclique de la vie, ici abordé sous un angle intéressant par le personnage de Marianne Bell. La psychologie tient ainsi une place prépondérante dans la recherche de son passé et pourrait bien être la clé de l'intrigue à la fin de cette trilogie en devenir. Revers de la médaille, le rythme n'est pas toujours des plus trépidants, la faute à l'auteur de parfois se vouloir trop contemplatif. De même, nombre d'événements en viennent à s'enchaîner pour mener à une révélation qui n'est pas toujours à la hauteur du suspense ainsi créé. Au-delà de ce premier tome qui pose les bases d'un voyage que l'on espère un peu plus exalté, Bruno Marchand devra aussi nourrir son histoire de plus de surprises pour en faire la réussite qui se profile à l'horizon.
BD à l'ancienne : très classique dans ses dessins et sa construction de l'histoire. Le scénario est sympa, mais en restant très linéaire.
Je me suis lancé suite aux excellents avis donnés par les Bédéguistes... Cependant, je trouve que cette série est surcotée avec 4 ou 5 étoiles pour ce premier album qui en mérite juste 3.
Ce premier tome est sublime! Le scénario, l'intrigue, les personnages, l'ambiance, les dialogues...tout est au rendez-vous. La narration est poétique et philosophique. Bref, c'est bien plus qu'une bande dessinée; on tombe sous le charme de ce roman graphique. Hâte de lire la suite.
LE COUP DE COEUR de l'année 2008 ! Achetée tout à fait par hasard (juste sur base du 'coup de patte' au niveau du dessin) ... Et l'enchantement du début à la fin ! Je ne connaissais pas du tout Bruno Marchand, mais cette BD reste inscrite dans ma liste du top 10 des dernières années.
J'ai été sensible au climat de l'histoire, au dessin (qui est superbe à mon sens), à l'époque choisie ...
Pour moi, un incontournable.
Marianne BELL est une jeune femme sans histoire. Son quotidien tout tracé, sécoule de façon monotone entre son domicile et son travail au jardin des plantes. Mais voilà, un cycle de 5 ans et 7 mois marque sa vie et son entourage de façon récurrente et inexorable. Elle va faire accidentellement la connaissance de Peter messager d'une révélation capitale sur l'intégrité de son père disparu qui va bouleverser sa vie et l'entraîner sur les traces de ce dernier dont elle sent la présence à ses côtés. les planches sont magnifiques et décrivent parfaitement l'univers des années 50. Beaucoup de détails, des dialogues subtils, un zeste de paranormal teinté d'humour servis par des couleurs lumineuses donnent au récit une dimension poétique indéniable. Le suspens nous tient malgré un développement assez lent de l'intrigue... La suite nous confirmera s'il s'agit d'une grande BD !
Intrigant album que celui-ci. Une jeune femme, Marianne Bell, est amenée par hasard à enquêter sur son père suspecté d'avoir trahi au profit de l'Allemagne durant la guerre.
Chaperonnée par le meilleur ami de son père, pilote de chasse comme lui, elle part à la recherche d'un mystérieux carnet que détiendrait un Gurkha qui est depuis reparti au Népal ...
Un peu bavard, un tantinet lent, on reste confondu par ce scénario qui en tout cas retient l'attention.
Mais ce qui fait véritablement la différence est le dessin, particulièrement la reconstitution du Paris des années 50. Le Londres offert dans cet album souffre bien sûr de la comparaison avec celui de Jacobs mais reste fort plaisant tout de même.
C'est le deuxième album qui nous dira, en fait, si ce tome était très bon car developpant progressivement le mystère ou si l'auteur a "fait de la planche" comme d'autres pissent les lignes.