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lors que le IIIème Reich tente d’asservir ce qui reste du monde libre, un homme résiste encore et toujours à l’envahisseur ! A mi-chemin entre Captain America et Tom Strong, Rex Steele est la dernière ligne de défense de l’Oncle Sam et de l’organisation E.A.G.L.E., l’ultime rempart de l’American way of life. L’opposition est rude et les Puissances de l’Axe ont de formidables atouts en la personne du Kommandant Eval Schnitzler et de son létal bras droit, la pulpeuse et vénéneuse Greta Schultz ! Mais quand il s’agit de casser du boche, Rex ne regarde pas à la dépense ! Surtout qu’il est fidèlement secondé par la douce et gironde Penny Thimble, side-kick incontournable pour tout super-héros qui se respecte ! God bless America !
Derrière la narration décomplexée et le trait dynamique de Matt Peters et de Bill Presing, c’est un vibrant hommage qui est rendu au golden age de l’industrie du comic-book comme à la culture des pulps, ces magasines peu coûteux, publiés sur du papier de mauvaise qualité et particulièrement populaires aux Etats-Unis durant la première moitié du XXème siècle. Les deux médias ont aussi entretenu des liens troubles avec la guerre et servi d’outils particulièrement efficaces de propagande antinazie. A bien des égards, Rex Steele est le dernier avatar d’un Superman, d’un Tarzan ou d’un Doc Savage : prestance, mâchoire carrée, un optimisme à toute épreuve et une inébranlable foi dans les valeurs de l’Amérique et les vertus de la science. En filigrane, s’affiche la volonté, un brin nostalgique, de retrouver l’amusement que procurait la lecture des comics d’antan. L’humour et le politiquement incorrect sont ici au rendez-vous. Les codes ne sont respectés que dans la mesure où ils peuvent être détournés. Le parallèle avec Tom Strong, « héros de la science », est d’ailleurs assez frappant. Dans cette œuvre, Alan Moore tentait justement de renouer avec les origines super-héroïques, le sérieux en plus quand Rex Steele – Nazi Smasher opte sans vergogne pour le pur fun.
Ainsi, le dessin, rétro et très cartoon, se situe quelque part entre les dessins animés de Tex Avery – Greta Schultz n’étant pas sans évoquer la vamp ultra sexy devant laquelle le Grand Méchant Loup se pâme – et les Indestructibles des Studios Pixar. Studios que Bill Presing a d’ailleurs récemment rejoints. Mais l'ensemble doit aussi beaucoup à Joe Kubert, les deux auteurs ayant été formés à l'école d'art et de graphisme fondée par ce dernier. L’un des épisodes mettant en scène, lors d’un combat aérien épique, Rex Steele aux prises avec un aviateur allemand au manche d’un vieux coucou, se réfère directement au Baron rouge, Manfred von Richthofen, auquel l’artiste avait consacré un album.
Last but not least, la présence d’un DVD est à signaler, marquant les premiers pas de Rex Steele dans le monde de l’animation. Véritable plus, ce pilote, signé Alex Woo, réalisé dans le cadre d’un projet étudiant et primé à de nombreuses reprises, achève de faire de cet album l’une des très belles surprises de la rentrée.
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