L
e lieutenant Salomon et son collègue Angel recherchent une bande organisée, spécialisée dans les kidnappings express et ayant déjà fait quatre victimes. Mia arpente régulièrement les couloirs de la bibliothèque de l’université en espérant croiser Dany, ce garçon pour lequel elle a le béguin. Malheureusement, le jour où la jeune fille de 16 ans trouve enfin le courage de lui adresser la parole, ce fils d’homme fortuné se fait enlever sous ses yeux. Poussée par ses sentiments amoureux, Mia s’interpose mais se fait également assommer et embarquer par les ravisseurs. Lorsqu’elle se réveille dans une pièce vide allongée à côté de son prince charmant, la situation n’a cependant rien d’un rêve. Privée de liberté dans une maison isolée au milieu de la forêt, cette adolescente qui a l’habitude de se cacher et de mentir à son entourage va devoir combattre ses démons et faire face à Dany.
Avant d’être publié par Dargaud Bénélux, ce one-shot de Man, alias Manolo Carot, était édité chez
Le postulat de départ visant à aborder ce thème délicat sous forme d’un polar permet de placer cette accro du vomissement et abonnée au mensonge dans un huis clos qui la confronte à son propre mal-être. L’idée de forcer Mia à repousser ses limites en l’isolant auprès de celui qu’elle aime est donc séduisante mais en voulant mélanger thriller, histoire d’amour et thématique de la boulimie en seulement 80 pages, Man a sans doute été trop ambitieux.
Le fond policier n’est clairement qu’un prétexte visant à traiter plus en profondeur et sous un autre angle les troubles dont souffre Mia, mais il ne peut aucunement justifier cette enquête brouillonne de la part de deux policiers peu crédibles. Il en résulte une histoire de kidnapping qui manque cruellement de suspense et dont la conclusion est totalement bâclée. De plus, au lieu d’exploiter pleinement son filon au moment où il isole Mia face à sa maladie et son malaise, l’auteur reste à la surface des choses. Du coup, il ne fait que survoler les différents thèmes abordés sans parvenir à les développer pleinement.
Heureusement, une lettre écrite par Mia en fin d'album parvient à combler une partie de ces lacunes. Au milieu de croquis de recherche, ces quelques mots en disent finalement beaucoup plus long sur le mal-être, la détresse et les sentiments de ceux qui ressentent la faim durant des années. Un cahier final qui vient en quelque sorte confirmer le côté superflu du polar. L’autre point positif de cette histoire complète est probablement le graphisme : de grandes cases, peu de bulles, un style manga et un découpage cinématographique qui insuffle énormément de dynamisme et de rythme au récit. Des atouts visuels qui, combinés au format compact et à une narration manquant parfois de maturité, devraient plaire aux lecteurs ados.
A l’instar d’Amères Saisons, cette bande dessinée a le mérite de sensibiliser les lecteurs à cette forme de suicide journalière qui suscite souvent l’incompréhension des autres. Malheureusement, malgré une approche originale et une lettre de clôture efficace, le sujet principal n’est qu’effleuré et la raison d’être de l’ouvrage s’en trouve grandement diminuée.
De jolis dessins pour une histoire difficile melangeant problème d ados et enlèvement pour rançon. Enquête de police, milieu mafieux, jeu avec l espace et le temps, retournement de situation! On ne s ennuis pas pendant les 30 min de lecture !! Top