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epuis les évènements contés dans « L’œil Fé », cinq années se sont écoulées. Profondément marqué par cette expérience dont il garde des stigmates, Algernon Woodcock se croyait à l’abri des phénomènes irrationnels et des forces (sur-) naturelles en acceptant le confort d’une chaire universitaire. Las, le voici médecin commis d’office dans le cadre d’une affaire impliquant une femme accusée d’un septuple meurtre.
Qui veut la peau d’Algernon Woodcock ? Amateur de gaudriole, vous faîtes fausse route. Pour la deuxième épreuve à laquelle est confronté le médecin haut de quatre pieds favori des BDGestistes (BDGest’Art 2002 du meilleur album et à nouveau nommé en 2003), on se retrouve en terrain connu. Ce terrain constitué de landes infinies, de ruelles parsemées de flaques boueuses et des sentiers truffés d’ornières redoutables pour les chausses et les attelages. Là où le ciel n’est jamais limpide et l'expression « mer d’huile » ne trouve pas de traduction. Ces contrées où des femmes recluses ne dévoilent pas leurs visages et où les naissances sont rarement des formalités. Ces imposantes bâtisses où les sources lumineuses sont toujours insuffisantes, les murs trop épais et les corridors interminables propices aux évolutions de silhouettes inquiétantes. Ces odeurs de tourbe et de cuirs humides exhalent des planches de Sorel. Ici, tous les ingrédients qui faisaient la force et le plaisir du premier diptyque sont à nouveau réunis.
Et l’histoire ? Comment voulez-vous parler de l’histoire ? Comme la fois précédente, après un exposé précis et littéraire du contexte, elle se construit par petites touches, les acteurs entrent en scène et révèlent leurs desseins, les situations sont exposées, le mystère se densifie au fil des pages. De toute façon, en spectateur docile et conquis, nous n’attendons pas de réponses intelligibles avant la deuxième partie. Si toutefois le voile est levé à cette occasion. L'amateur très attentif de « l’Oeil Fé » n’a sans doute pas résolu toutes les énigmes proposées par Gallié et ne s’attend probablement pas à un traitement plus limpide dans cette affaire des "Sept cœurs d’Arran" (après les trois vieillards du pays d’Aran, les sept jouvencelles du hameau d’Arran, le territoire de la BD est finalement bien petit).
Ce sont ces éléments qui donnent un charme si particulier à la série et ce troisième tome apparaît en sorte comme un Algernon tout ce qu’il y a de plus classique, sans que cela puisse être considéré comme un quelconque regret. Un de ces classiques que l'on aime (re-) découvrir, dans lesquels apparaît Vincent Price qui prête ses traits au très peu recommandable Juge Maskew ou de ceux tournés par Mario Bava (Le masque de la peur -1960). Autant de références explicites et assumées dès l’ouverture de l’album qui pourront autant amuser qu’agacer selon son degré personnel de nostalgie pour le film de genre. Rien qui puisse toutefois atténuer l’envie de découvrir la 2e partie du récit.
Au fait, savez-vous comment certains surnomment l’Ile d’Arran ? L’Ecosse en miniature. Evidemment.
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