S
urtout connu des bédéphiles pour The Sandman, une saga d'ores et déjà mythique qui lui vaudrait sans l'ombre d'un doute une place de choix au Hall of Fame des auteurs de comics, Neil Gaiman est aussi un écrivain qui a offert à la récente littérature fantastique quelques-uns de ses plus beaux titres. L'adaptation au cinéma de Stardust a été l'occasion de redécouvrir en français le roman éponyme. Une façon comme une autre de plonger dans l'univers particulier d'un artiste qui, quel que soit le médium, n'a pas fini de nous émerveiller.
Stardust se place dans la plus pure tradition des contes de fées et l'écriture de Neil Gaiman contribue à cette impression, ne serait-ce que par un style très old-school qui nous renvoie l'image d'une famille réunie au coin du feu pour partager ces moments de rêve. La barbe grise depuis longtemps mais l'œil toujours vif, le grand-père commence alors son histoire, bien évidemment imaginaire mais dont un cœur d'enfant ne manquera pas de déceler la part de vérité...
Cette histoire est celle de Tristran Thorne, un jeune homme qui, comme beaucoup de garçons de son âge, est amoureux d'une fille un peu trop belle pour lui. Pour gagner son amour, il lui fera une promesse sincère mais inconsidérée. Pour un baiser, il lui ramènera une étoile tombée du ciel, celle-là même qu'ils virent en rentrant ensemble au village de Wall, leur village. Pour mener à bien sa quête et conquérir l'Elue de son cœur, il devra traverser le mur qui sépare le monde des hommes de celui des fées. Ce sera pour lui le début d'un périple sur les terres sans fin de Faerie. Mais il se rendra vite compte que l'étoile attire bien des convoitises et traîne dans son sillage des êtres peu recommandables.
Neil Gaiman a donné à Stardust une touche toute personnelle que les initiés reconnaîtront d'emblée et goûteront avec délice, mais il s'y montre également très respectueux du genre qu'il revisite. Des sorcières cruelles et machiavéliques aux seigneurs avides de puissance, en passant par le jeune héros au cœur pur que l'amour guide sur le chemin de l'aventure, il s'appuie en effet sur des éléments narratifs connus de tous. C'est certainement pour cette raison que cet ouvrage, d'une apparente simplicité, est l'un des plus faciles d'accès jamais écrits par l'auteur. D'autant plus que les nombreuses illustrations de Charles Vess qui accompagnent cette édition, parfois inégales mais qui réservent quelques prouesses avec leurs couleurs douces et leur poésie omniprésente, facilitent l'immersion dans le monde de Faerie.
Stardust, une prise de contact idéale avec l'univers d'un touche-à-tout de génie ? Assurément. Et, comme toujours, il sera recommandé aux anglophiles de préférer la version originale qui constitue une bonne entrée en matière avant de se lancer dans d'autres de ses romans, plus ardus, parmi lesquels Neverwhere et American Gods font figure de références incontournables.
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