T
rop occupée à gérer ses guerres à travers le monde, l’Amérique a commis l’erreur de négliger ses problèmes internes. Elle se retrouve maintenant victime d’une terrible guerre civile déclenchée par des milices anti-gouvernementales et opposant l’armée régulière aux armées dites "libres". La ligne de front se situe à Manhattan, où 400.000 personnes sont livrées à elles-mêmes dans une zone convoitée par les deux camps : la DMZ (DeMilitarized Zone). Un jeune photographe stagiaire se retrouve un peu malgré lui au beau milieu de cette zone démilitarisée en proie au chaos. Faisant face aux nombreux dangers qui sévissent dans l’épicentre des hostilités, Matty Roth va se lancer dans une quête de vérité que jalouserait tout correspondant de guerre. Premier journaliste au cœur de la DMZ, sa popularité grandissante des deux côtés de la zone va lui valoir une interview exclusive du redouté leader des armées libres et va le propulser dans un rôle de médiateur entre les deux camps.
Ce deuxième volume édité par Panini reprend les épisodes US #6 à 12 de cette série de la collection Vertigo. Les quatre premiers chapitres (Body of a Journalist), signés Brian Wood et Riccardo Burchielli, poursuivent l’immersion de Matty Roth dans les déboires quotidiens des citoyens de Manhattan, tandis que Zee (dessiné par Kristian Donaldson) remonte au début des affrontements et se concentre principalement sur cette jeune infirmière qui a porté secours à Matthew dans le tome précédent. Le dernier volet de ce recueil (NY Times) se présente comme un guide du New York de DMZ, proposant entre autres des notes sur le Lower East Side, Central Park, Chinatown, Washington Heights et Ground Zero.
Le scénario d'anticipation de DMZ captive essentiellement grâce au réalisme avec lequel il dépeint la fiction est impressionnant. A l’instar de Guerres Civiles chez Futuropolis, il plonge le lecteur le lecteur au cœur du chaos sans passer par une introduction géopolitique ou une mise en place détaillée. Pas de superhéros ni de technologies avancées, juste des civils livrés à leur propre sort qui donnent naissance à un récit très humain. Il y a d’abord la découverte de cette ville de New York ravagée par une seconde Guerre Civile américaine imaginaire dont le centre névralgique se situe dans la Big Apple. Il y a ensuite les déboires d'un photographe qui se retrouve coincé par hasard en pleine zone hostile, un stagiaire dont le travail de reporter va permettre de découvrir et de comprendre les lois qui régissent la vie des différentes communautés de cette zone de non-droit.
Alors que le volet précédent présentait plusieurs tranches de vie, celui-ci se focalise sur ce jeune héros malgré lui. Un personnage qui va perdre de sa naïveté au fil des pages et finir par s’adapter aux conditions de (sur)vie difficiles et aux manipulations politiques dont il est victime. L’épisode consacré au personnage de Zee permet quant à lui de mieux comprendre le point de vue des autochtones. Ce deuxième tome va également lever une partie du voile sur l’origine de ce conflit qui divise le pays et sur les influences gouvernementales qui œuvrent en coulisses et mettent en péril l’objectivité du journalisme de guerre.
L'approche de DMZ est originale car elle permet de livrer une image des Etats-Unis bien éloignée de la vision idéalisée habituelle. Avec ses accents de critique acerbe envers la politique US, le récit de Wood n’hésite jamais à mettre en avant l’hypocrisie et les mensonges du gouvernement américain en période de guerre. Et malgré le côté fictif évident de cette ville américaine mise à feu et à sang, le lecteur n’aura aucun mal à tirer le parallèle avec le climat politique actuel concernant la crise iraquienne. Le graphisme de Riccardo Burchielli n’est d’ailleurs pas étranger au réalisme de cette saga. En montrant des rues newyorkaises désertées et une Statue de la Liberté mutilée, l’artiste d'origine italienne parvient à instaurer une ambiance urbaine crasseuse et une impression de désolation pesante qui rendent ce no man's land tout à fait crédible.
Le corps d'un journaliste confirme en tous points l’aspect prometteur de la mise en place de cette série qui en est déjà à son vingt-huitième numéro outre-Atlantique.
Bonne bande dessinée que je vous recommande.
Comme dans New York 1997, Chef d'œuvre vieillissant ( comme moi) de John Carpenter, Manhattan est une zone à l'abandon abritant des réfugiés coincés entre les États Unis d'Amérique et l'Armée des États libres.
L'originalité est de transposer sur un lieu mythique, New York, et dans le pays qui a fait de la guerre contre le terrorisme un credo Bushien, une guerre sans territoire, sans aucun sens , et sans issue .
Une guerre au sein de laquelle des individus essayent de ne pas prendre partie et de vivre "normalement"
C'est Bagdad à Manhattan.
C'est rythmé , bien dessiné, avec des personnages attachants , et variés.
Que du bon!
Deuxième opus très réussi, après la découverte de la DMZ, Matty chargé de devenir un médiateur va devoir déjouer la manipulation dont il est l'objet destinée à justifier l'intervention militaire et qui risque de couter la vie à tous ses nouveaux amis.
L'ambiance toujours aussi oppressante est sauvée par de vrais morceaux d'humanité qui montre que la vie arrive à surmonter toutes les situations.
Un scénario percutent, je ne suis pas très fan des dessins style comics mais ils servent bien l'histoire.
Suite de cette excellente série ou l'on suit toujours notre reporter dans cette zone tampon qu'est devenu new york dans cette guerre civile américaine. Ce tome dans la lignée du premier se focalise sur une histoire particulière alors que le premier montrait de nombreuse tranches de vie, recentrant l'intrigue sur la psychologie et l'état de santé du héros. Confirme la bonne impression du premier.