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our Luce, les vacances chez Papi, c’est un moment de bonheur. Le marché et son agitation chaleureuse, le bistrot baigné de la verve des copains du papi, charmants piliers de comptoir à l’abri des excès. Les commères appartiennent aussi à la distribution, mais leurs cancans, la petite, elle, s’en fiche pas mal. Un jour pourtant, elle croise un étrange duo que ceux qui l’entourent ne semblent pas voir : une petite fille pas plus grande qu’elle, drapée dans un crêpe noir, et un homme nu. Le vieux Simon sera le premier à partir…
Les funérailles du Luce se goûte sans réserve. La formule peut paraître choquante ou au moins maladroite mais c’est pourtant l’effet que l’album produit. L’histoire est simple, l’environnement et les personnages ordinaires, l’argument universel et le résultat laissera un certain nombre de lecteurs sans voix. Pourtant, ces chemins-là ont déjà maintes fois été empruntés. L’enfant qui voit ce que ses aînés ne sauraient voir, l’embarras des adultes à lui parler de la fin de la vie (« Je comprends pas… » « C’est normal. Tu as bien le temps d’y penser »). L’ambiance des bourgs ruraux, tellement tranquilles qu’ils donnent l’impression que les journées se répètent plus qu’elles ne se suivent. C’est (c’était ?) comme ça dans les bourgs ruraux, se rappelleront au moins ceux qui, enfants, ont passé des vacances à la campagne « dans la famille ».
Les personnages non plus ne sont pas différents de ceux qu’on côtoie sans toujours les voir autrement que comme des éléments du décor. Au point d’oublier de dire régulièrement à ceux qui nous sont les plus proches qu’on les aime (et pourquoi pas aux autres aussi après tout ?). Ils sont craquants ces vieux, qui ont envie de croquer encore une fois ou deux dans la vie. Ou qui à un moment n’ont plus envie justement, parce que ça suffit, parce que la perspective du lendemain ne leur donne plus le ressort suffisant.
Si l’histoire peut se permettre d’être aussi limpide (et chacun sait combien il est difficile d’atteindre la simplicité, a fortiori pour traiter des sujets forts), c’est probablement parce que B. Springer lui a offert un écrin exemplaire. Il excelle dans la restitution des instants silencieux, ces instants où ses personnages sont seuls ou encore ceux pendant lesquels le verbe est superflu. Luce qui (tente de) se coiffe(r), qui observe les étals au marché, qui va chercher les œufs. Simon qui rentre chez lui, comme d’habitude. Les moments de tendresse qui renaissent pour certains alors qu’ils avaient mis leur mouchoir dessus. Les moments de recueillement aussi, évidemment. Tout au long de l’album, le trait renverse : les expressions ravissent, l’environnement apaise tant il est familier, la capacité à faire en sorte que le temps ralentisse stupéfie, le choix des cadres étonne tout en donnant le sentiment qu’on n’aurait pu en choisir de meilleurs. Une leçon de dessin. Qui n’est pas pour autant une démonstration, ce qui n’est pas son moindre mérite.
Difficile de se réjouir d’entamer une nouvelle année en invitant son entourage à se réunir autour de funérailles. Pourtant, le nouvel album de Benoît Springer devrait rassembler autour de lui la foule des grands jours, composée pour partie d’impatients qui attendaient que le talent de l’auteur, seul aux commandes, éclate véritablement mais aussi de chanceux qui vont le découvrir à cette occasion.
Je m'attendais également à un chef d'oeuvre devant autant de critiques élogieuses. Ce n'est pas tout à fait le cas. Cette lecture a été quand même fort sympathique à bien des égards que je vais tenter d'expliquer.
J'ai réellement apprécié le trait du dessin en noir et blanc par cet auteur que je ne connaissais pas. J'ai apprécié également ces petites scènes de la vie courante mettant en scène des personnages ordinaires et fort sympathiques pour la plupart. Il y a beaucoup d'humanité et de profondeur et cela se ressent.
Le sujet est délicat puisqu'il met en scène une petite fille de 6 ans qui s'appelle Luce. Elle passe des vacances chez son papi à la campagne. Elle va être confrontée à des questions existentielles... sur la mort. Le thème n'est pas facile à aborder du point de vue d'une si jeune fille.
Je trouve que l'auteur a su tirer son épingle du jeu avec brio car il aborde le point de vue de la jeune fille mais également celui des personnes âgées. Ce double niveau rajoute du piment à l'ensemble.
Au final, le talent graphique se ponctue avec grâce sur un scénario pas facile mais maîtrisé.
Un thème pas facile à aborder, sous le regard d'une petite fille curieuse et aimante. Les dessins sont simples mais beaux, avec des points de vue intéressants. Les dialogues sont légers mais pleins de sens. On a presque des frissons d'émotion parfois, quand Luce rencontre la mort, qu'elle s'interroge. Le regard sur la vieillesse aussi est intéressant. A lire.
Cette oeuvre de Springer est, il est vrai, un peu dramatique puisqu'elle traite de l'arrivée de la mort représentée pour un enfant par un homme nu et un petit enfant recouvert d'un drap. Mais au-delà du thème de la découverte du 'aprés la vie, il y a la mort' pour la petite Luce, nous découvrons dans cette BD plusieurs métaphores, sentiments de la vie quotidienne : l'amour, l'abandon, la solitude, l'inquiétude,...
Qu'est-ce que c'est la mort ? La petite Luce en vacances chez son Papi va le découvrir. On a tendance à penser qu'il est toujours trop tôt pour un enfant de découvrir le malheur de perdre un être cher.
Cette BD pleine d'humanité parle aussi bien de la vie que de la mort. Elle est brillamment portée par un beau dessin en noir et blanc. Une oeuvre très personnelle, très belle. Magnifique.
J’ai adoré.
Une œuvre pleine d'humanité. Chaque personnage est très profond, vivant…
L’histoire est simple (simpliste ?), mais le résultat, puissant, interpelle.
Cette BD laisse penser que le genre pourrait être intégré à la littérature.
J’ajoute un gros plus pour le dessin.
Je ne connaissais pas l’auteur. Il mérite d’être suivi avec attention.