S
hark, vous dites ? La série avec James Wood, ex-avocat des ordures friquées reconverti en procureur chargé de coincer son ancienne clientèle pour le compte du ministère public ?
Non ? Nico Shark ?
Ah ! C’est de l’humour alors. Une bonne grosse charge contre le dernier occupant en date du Palais élyséen ?
On commence à saturer là, non ? La critique, la dérision, la moquerie, la dénonciation de la personnalité qui vont de pair avec l’incessante ronde de ses interventions, le Français en aura été nourri à son corps – et son intellect – défendants depuis bientôt un an. Gavé. A l’approche des agapes de Noël, c’est de saison direz-vous…
Mais ici, pour l’odeur du pamphlet, on repassera. Pas par la couverture, même si, involontairement ou non, elle ne trahit pas le contenu général de l’ "œuvre".
A moins que là, ce ne soit pas pareil. Parce que c’est Frantico.
(un ange passe)
Mais si, Frantico, l’histoire du blog il n’y a pas si longtemps, de l’identité cachée qui a fait couler beaucoup de salive. Le chantre du « ton absurde, drôle et stupide ». De là à confirmer qu'avec de telles formules, toute faute de goût est à moitié pardonnée, c'est aller un peu vite en besogne car il resterait de toute façon encore une moitié de chemin à parcourir.
Il utilise l’univers de l’entreprise pour caricaturer le printemps politique 2007 ? C’est vrai que ça fait un angle d’attaque.
Même qu’on y croise Mr Lanusse, bras droit à sourcils fournis de Nico. Comme celui de Matignon, quoi. Un jeu de mots digne des meilleurs fagots en prime.
C’est engagé, corrosif ?
Pensez-vous, pas besoin, il suffit en théorie de pointer du doigt un supposé mépris pour la main d’œuvre corvéable à merci, quelques relents de racisme ordinaire, l’égocentrisme du bonhomme et hop on se poile. Pas compliqué. Et comme il est libre l’auteur, il égratigne même les éléphants du camp d’en face. Si, si, le groupuscule qui se réunit dans les sous-sols et qui ferait passer les Bronzés pour des sandinistes.
Sans compter que, dès le premier tiers des 48 planches achevé, on tape dans le dur avec l’arme absolue : les flatulences du Président. L’ingrédient idéal pour le jogging gag (la même chose que le running gag mais ciblé).
La conclusion s’impose d’elle-même : atterrant. La confirmation que tout ce qui peut faire illusion sur écran n’est pas destiné à finir sur papier pour être archivé et gagnerait dans certains cas à rester éphémère. Histoire d’attendre que, à la faveur d’un bouche à oreille obstiné, un fragment de postérité rattrape l’initiative grâce au travail de fond de fans irréductibles.
Poster un avis sur cet album