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ès qu'une mission est trop dangereuse pour le commun des troupes américaines, à qui fait-on appel ? A l'escadron perdu. Nom hautement symbolique pour cette fine équipe de barbouzes envoyés au feu quand tous les autres se sont dégonflés. Entre autres objectifs, ils ont maintenant pour tâche de collecter le plus possible d'artefacts puissants, devançant les mages de l'armée nazie sur le chemin des forces occultes.
Il n'est pas rare de voir un auteur se baser sur le nazisme et sa fascination pour la magie noire en vue de créer un récit de fiction qui revisite ou extrapole l'Histoire. La référence du genre reste bien sûr Hellboy, où le dessin et la mise en scène de Mignola font merveille, mais on peut aussi se rappeler le premier tome de Mens Magna, signé par un Froideval étonnamment inspiré. En ce qui concerne L'escadron perdu, il ne constitue certainement pas un sommet, la faute à quelques défauts qui mettent à mal un ensemble pourtant bien pensé. On pourra par exemple déplorer l'absence de plan bien défini dans les deux camps, la course aux artefacts s'apparentant alors à une simple course poursuite comme il aurait pu y en avoir dans n'importe quel autre cadre. Les différents éléments narratifs, de rebondissements en rebondissements, se succèdent sans qu'un enjeu majeur ne ressorte vraiment. Parallèlement, le groupe de soldats que l'on suit au cœur de la tourmente n'est pas non plus très attachant malgré les liens qui se lient ou les luttes d'influence qui s'exercent au sein de la troupe. Le sort de tous ces individus, qui manquent d'humanité en dépit des efforts visibles des auteurs, nous est finalement indifférent. Une carence à imputer également à l'absence d'un ennemi charismatique : ils affrontent l'armée nazie en bloc et même son mage le plus puissant n'impressionne que très peu.
La bonne surprise de cette série de comics, ici présentée sous forme d'intégrale par Akileos, vient sans doute plus de la forme que du fond : une réalisation impeccable, comme souvent chez cet éditeur, pour mettre en valeur le graphisme de Robinson. Dans un noir et blanc qui convient parfaitement au côté obscur et inquiétant du propos, il instaure une ambiance confinée pour les scènes intimistes et assure le spectacle pour les scènes plus explosives. Sans atteindre, en termes d'atmosphères sombres et lugubres, la maestria d'un Miller dans Sin City, il réalise une performance à l'abri de toute critique.
Tout bien réfléchi, L'escadron perdu ne manque ni d'intérêt ni de qualités, mais peut-être un peu d'ambition. En creusant un peu plus les intentions des différentes factions en présence, ou encore en enrichissant davantage la personnalité de leurs héros, Kirby et Robinson auraient pu faire date dans l'Histoire de la bande dessinée fantastique. Il n'en est malheureusement rien.
BD bien ficellée. Moi j'aime particulièrement les dessins, en noir et blanc ca rend trés bien et deux trois planches sont vraiment trés belles. Quant au scénario il est correct, disons qu'il faut aimer ce genre qui est un peu un mélange des genres justement. A lire.