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llemagne, 1932. Adolf Hitler n'a pas encore accédé à la chancellerie du Reich mais déjà, les prémices de la dictature et de la terreur voient le jour avec les exactions commises par les membres du NSDAP. C'est dans ce pays pourtant hostile que la carrière cinématographique de la belle hongroise Maryika Vremler prend une dimension spectaculaire. Malheureusement, son cousin, Blémia Borowicz, a eu la mauvaise idée de lui laisser par inadvertance un véritable cadeau empoisonné : une pellicule contenant des clichés compromettants du futur Führer en compagnie de sa maîtresse. La jeune actrice est dès lors traquée par des sbires du parti nazi tandis que "Boro", de retour à Paris, tente de se faire une place dans le milieu professionnel de la photographie.
La Dame de Berlin n'est autre que l'adaptation du premier roman (publié en 1987) tiré de la série des Aventures de Boro, reporter photographe et créée par Dan Franck et Jean Vautrin. Ce dernier n'en est pas à son coup d'essai puisque Bloody Mary ainsi que Le Cri du Peuple furent tour à tour mis en images par Jean Teulé et Jacques Tardi. Enki Bilal, à la fois créateur des couvertures de "Boro" chez Fayard et directeur artistique de la série chez Casterman se trouve être le trait d'union entre les livres et les bandes dessinées. Gage de qualité ?
Il est difficile de ne pas comparer le personnage de "Boro" avec Robert Capa, un célèbre photographe de guerre hongrois du début du XXème siècle, témoin privilégié des périodes troubles de l'entre-deux-guerres. Car c'est bien là que réside tout l'intérêt de l'album. Par l'intermédiaire du héros, le lecteur est invité à visiter l'Europe et à assister aux grands événements qui ont bouleversé l'équilibre mondial : la montée du fascisme en Allemagne, l'avènement d'Hitler ou l'assassinat de Paul Doumer. L'appareil photo, en l'occurrence un superbe Leica, est l'objet idéal servant de prétexte pour se trouver où il le faut et quand il le faut.
"Boro" peut être à la fois attachant et exaspérant. Ce dandy, pourtant originaire des bas-fonds de Budapest, est manipulateur, coureur de jupons, cabotin, arriviste mais possède finalement un grand cœur et surtout un point faible : sa cousine dont il est amoureux depuis sa plus tendre enfance. Ce deuxième tome contient son lot de rebondissements mais aussi d'humour disséminé tout au long du récit. Sans être passionnante, l'histoire est plutôt plaisante et vaut surtout pour son côté historique ainsi que pour la relation ambiguë qui lie les deux héros, bien plus que par l'intrigue elle-même qui peut paraître, par moments, invraisemblable. Le dessin de la série a été confié à Marc Veber, dont c'est la première bande dessinée. Le trait est classique, assez inégal en ce qui concerne les personnages dont les visages se révèlent parfois approximatifs. De même, l'utilisation abusive d'aplats appauvrit les décors qui sont à mille lieux de ce que propose Jacques Tardi, par exemple.
La dame de Berlin fait l'objet d'une adaptation prévue en trois tomes (les autres romans des Aventures de Boro, reporter photographe devraient subir le même sort). Même si cet exercice n'est pas exceptionnel, 2007 semble être une année particulièrement propice à la mise en images de textes plus ou moins célèbres. La question n'est pas de remettre en cause la qualité de l'original mais de savoir si cette transformation est pertinente, si elle apporte une valeur ajoutée à l'ensemble, bref, si elle est vraiment utile. Pour l'œuvre de Vautrin et Franck, la réponse est plutôt... négative.
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