A
près une longue période d’absence, John Constantine rejoint son pays d’origine afin de reprendre le fil de cette vie morcelée qu’il avait laissée derrière lui. De retour des Etats Unis et du royaume des morts, celui que tout le monde croyait décédé tente de garder un profil bas et de ne pas se faire remarquer. L’atmosphère singulière et les mauvaises ondes dégagées par le nouvel appartement de sa sœur ainée vont cependant titiller ses sens et l’entraîner dans une étrange affaire de meurtres en série impliquant un tueur de strip-teaseuses et de prostituées. Lorsque plusieurs éléments portent à croire que sa nièce est tombée dans les mains d’individus maléfiques, l’enquête devient personnelle. Il s’avère d’ailleurs assez vite que cette disparition n’est que le sommet de l’iceberg, la fumée qui cache le brasier satanique. La jeune femme semble être utilisée par d’anciennes connaissances peu fréquentables de son oncle, afin d’obliger Constantine à user de ses pouvoirs pour trouver une arme redoutable très convoitée par les forces du Mal : le Sépulcre rouge !
Créé par Alan Moore comme personnage secondaire dans les pages de Saga of the Swamp Thing, Hellblazer passe de figurant à pilier de série dès 1988. Avec plus de 200 numéros parus de l’autre côté de l’Atlantique, ce détective d’origine anglaise au faciès calqué sur le chanteur-bassiste de Police, n’en a pas terminer de rouler les démons dans la farine. Après une première intrusion assez discrète de cet antihéros au trench-coat sur le marché francophone par le biais de l’éditeur Toth, c’est maintenant Panini qui lance ce personnage de la collection Vertigo de DC Comics dans les rayons des librairies spécialisés, en publiant deux tomes dans la même année. L’histoire hors continuité du tome précédent constituait déjà une excellente introduction au personnage, tandis que cette première partie du run de Mike Carey sur la saga, caractérisée par un retour aux sources du héros, s’avère être un moment idéal pour entrer dans la vie de John Constantine. Cet album composé de deux récits (High on Life dessiné par Steve Dillon et Red Sepulchre dessiné par Marcelo Frusin) réunit les épisodes #175 à 180 de l’édition US. Avec ce nouveau cycle, le scénariste, originaire de Liverpool et vivant à Londres (tout comme John), vient ajouter son nom à une impressionnante liste d’auteurs de renommé : Alan Moore, Jamie Delano, Garth Ennis, Warren Ellis et Brian Azzarello.
Dans Le Sépulcre Rouge, Mike Carey consacre suffisamment de temps à la mise en place des différents protagonistes qui gravitent autour de ce détective du surnaturel, évitant ainsi de larguer les lecteurs qui prendraient la série en cours de route. Cet arc va non seulement renouer avec les racines britanniques de cet accro à la cigarette, mais également faire découvrir Angie Spatchcock, une jeune serveuse qui n’a pas peur de se frotter aux sciences occultes. Le personnage de Gemma, décrit ici comme une petite peste totalement naïve, fait par contre un peu tache au milieu de ce casting assez réussi. L’intrigue démarre de manière posée et prend de l’ampleur au fil des pages et de l’enquête. Malgré son air blasé et antipathique, cet homme torturé et insolent fera tout pour être à la hauteur au milieu des effusions de sang, trahisons et règlement de comptes. C’est principalement usant de ruse et de manipulations qu’il va se frayer un chemin au milieu des nombreux malfrats et créatures démoniaques qui viennent entraver sa progression.
Les deux dessinateurs donnent une apparence différente à John Constantine. Steve Dillon (Preacher) effectue un bon boulot sur le protagoniste principal en lui donnant un look (long cheveux, barbe) qui colle parfaitement à l’état d’esprit de ce de ce personnage urbain atypique revenant d’un long exode et cherchant à garder l’anonymat. Marcelo Frusin, qui deviendra le dessinateur attitré de Mike Carey sur ce cycle, livre, dans un style légèrement plus sombre, de l’excellent travail au niveau des créatures surnaturelles et des séquences plus violentes.
Un scénario captivant, un personnage intéressant qui évolue dans un monde pour le moins surprenant et un éditeur qui semble choisir les épisodes adéquats afin de faire découvrir Hellblazer au public francophone de manière efficace.
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