A
ngleterre, début du XIXème siècle. En raison de leurs qualités de cambrioleurs hors pair, cinq jeunes ont été enlevés par une étrange organisation qui est, selon ses dirigeants, au service de la Couronne. Une nouvelle mission les conduit en Antarctique à la recherche d'un drakkar gorgé de richesses. Mais le doute s'installe dans l'équipe : quels sont réellement les buts poursuivis par Alcibiade ? Pour l'heure, leur principale préoccupation est d'échapper à leur rival de toujours, Edinger, mais également à un nouveau venu sur l'échiquier : le capitaine français Anastor.
Les Corsaires d'Alcibiade avait tout pour séduire : des chercheurs de trésors avides d'aventures, évoluant dans un monde que n'aurait pas renié Jules Verne. Denis-Pierre Filippi et Eric Liberge tenaient là une idée possédant un fort potentiel. Au troisième tome, il faut se faire une raison, les promesses n'ont pas été tenues. La faute en premier lieu à un scénario embrouillé au point d'entâcher sa lisibilité. L'objectif de Filippi est certainement d'apporter à chaque nouvel album son lot de révélations mais celles-ci tardent trop à venir, laissant le lecteur perplexe quand à la finalité de l'ensemble. Le Français ne fait que renforcer cette impression en introduisant une nouvelle figure dans une distribution déjà trop chargée. L'arrivée de créatures fantastiques est également déroutante et superflue dans un univers qui pouvait très bien s'en passer. Enfin, il est difficile de concurrencer le talent de Charlier en matière de stratégie et de batailles navales mais celle des Corsaires se déroulant dans les glaces manque de réalisme.
Ce qui avait séduit les lecteurs dans le dessin d'Eric Liberge était sa capacité à illustrer avec force détails les décors et les costumes. Mais avec ce troisième tome, la construction et le trait entretiennent eux aussi la confusion ambiante, les paysages de glace ne sont pas convaincants, probablement à cause d'une mise en couleurs trop sombre – un comble pour une aventure se déroulant en Antarctique. Et ce ne sont pas les costumes mettant avantageusement en avant les formes des personnages féminins au cours de ce bal masqué qui feront oublier le reste.
Le Français suffira peut-être à combler les irréductibles de la première heure toujours séduits par cet univers riche à la limite de l'excès. Mais il pourrait avoir raison de la patience de ceux qui doutaient déjà et s'interrogeaient sur leur envie à l'idée d'attendre encore deux tomes avant de découvrir le fin mot d'une histoire décidément trop complexe.
A voir également :
Chronique du tome 1
Blog d'Eric Liberge
Et oui comme quoi on peut dessiner admirablement bien et faire une bande dessinée totalement ratée du point de vue de l'intérêt et du scénario. Je suis extrêmement décu ! Les personnages sont insipides, méconnaissables en ce qui concerne les demoiselles au décoleté toujours trop sérré, les couleurs très sombres n'arrangeant rien à une intrique Jules vernesque inbvraisemblable et platonique à souhait !