I
l y a un peu moins d'un an paraissait le premier tome de Koma et, pour leur première série "tous publics", Wazem et Peeters avaient transformé leur coup d'essai en coup de maître. La qualité de l'album venait en grande partie de son personnage central, Addidas, une petite fille aussi attachante par son caractère que mignonne par ses attitudes. Peeters était en effet parvenu à lui donner un visage d'ange qui rendait plus injuste encore le mal inconnu qui la frappe, elle qui souffre d'évanouissements aussi fréquents qu'inexpliqués.
Ce deuxième tome était donc attendu au tournant. Les auteurs seront-ils parvenus à maintenir le niveau exceptionnel du premier? Du personnage d'Addidas, toujours aussi attachant, à celui de son père, toujours aussi désemparé, tous les ingrédients sont bien présents. Et pourtant… et pourtant on ne peut se défaire de l'impression qu'il manque quelque chose…
Tout d'abord, l'action fuit de plus en plus le monde réel pour trouver refuge dans le Grand Trou et là où le récit gagne encore en mystère et en fantastique, il perd en réalisme. Le sentiment de compassion et d'identification que l'on pouvait ressentir s'en trouve dilué. De plus, Addidas et son père étant séparés, le lien qui les unit paraît moins intense.
Mais ne faisons pas la fine bouche. Bien qu'inadapté au format traditionnel de 46 pages, ce récit reste prenant et foncièrement original, de quoi attendre la suite avec une grande impatience, histoire de connaître le sort que les auteurs réservent à cette petite fille qui a su à ce point nous toucher. Mais l'attente sera longue. En effet, les auteurs font la part belle aux plans d'ambiance et les silences ne sont pas rares. Si ce genre de parti-pris ne constitue en aucun cas un handicap pour un nombre plus conséquent de pages, il s'avère ici très frustrant.
Une série au long cours sera toutefois l'occasion de se délecter plus longtemps des superbes planches de Peeters qui prouve une fois de plus qu'il est bien l'un des dessinateurs incontournables du moment. Son trait incomparable, tout emprunt de douceur, est si élégant qu'il parvient à créer de véritables ambiances et à dépeindre avec justesse l'état d'esprit des différents personnages. La marque d'un grand artiste. Mais l'on se surprend tout de même à regretter le magnifique N&B de Lupus ou de Pilules bleues… Las! Le succès et la découverte de ces grands auteurs est à ce prix…
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