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inocchio, alias Woody Woodstock, reprend du service. Missionné par le club des "milliardaires aveugles", il se rend sur l'île des Bienheureux en compagnie de "Piège-à-loups", victime d'un lycanthrope, afin d'éradiquer une race bien étrange : les ânes-garous. Quand ils débarquent sur cette terre censée représenter le paradis de tous les garous, ils découvrent que les pauvres équidés humanoïdes vivent sous la coupe d'un pasteur fanatique. Ce dernier tente de convertir les animaux au culte de Balaam en leur faisant subir privations, sévices ou autres châtiments corporels. Dans un environnement qui ne lui est pas totalement inconnu, le pays des jouets, Woody Woodstock va devoir affronter démons, hérétiques et autres espèces pour le moins exotiques.
Il y a décidément du Lincoln dans Gueule de Bois : une enfance difficile, une conscience qui essaie tant bien que mal de guider le héros vers le droit chemin mais aussi le sentiment que les deux personnages principaux, totalement désabusés, subissent plus qu'ils n'agissent sur les événements extérieurs. La comparaison s'arrête là. L'univers déployé dans ce troisième tome, comme dans les précédents, est carrément loufoque, très éloigné du Far-West décrit par les frères Jouvray. Foerster revisite non seulement le conte de fées de Carlo Collodi mais aussi bon nombre d'histoires et légendes. Une galerie impressionnante de monstres en tout genre agrémente le récit. Certains valent vraiment le coup d'œil : le mérou-garou ou le phoque-garou font partie des trouvailles issues de l'imagination très fertile de l'auteur.
Dans "La métamorphose d'Allélulia Carabine", celui-ci y ajoute en trame de fond un thème très actuel et beaucoup plus sérieux : le fanatisme religieux. Sans rentrer dans des considérations philosophiques ou théologiques qui n'auraient pas lieu d'être dans ce style d'album, il y incorpore de temps à autres quelques petites touches ironiques ou quelques pointes acerbes visant à se moquer d'une certaine forme d'intégrisme très à la mode.
Le dessin est toujours aussi agréable. Le bestiaire très éclectique donne lieu à des portraits hauts en couleur. Les ânes-garous sont tout simplement poilants. Le trait est vif, nerveux, et rend la lecture très plaisante. Quelques scènes très "gore" renforce l'idée que l'humour présent est réservé à un public averti mais convient néanmoins très bien à la collection "Troisième Degré" du Lombard.
Gueule de Bois possède toutes les qualités d'une bonne série humoristique. Le sujet étant (presque) inépuisable, nul doute que les aventures de Woody Woodstock seront encore nombreuses et continueront de ravir un lectorat avide de comique absurde et bizarroïde.
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