P
as de couverture. Pas de titre. Pas de dialogues. Comment parler d'un album muet ? En commençant par son auteur ?
Soit.
Pourquoi Andreas est-il un génie de la bande dessinée ?
Parce qu'il peut nous gratifier d'une couverture entièrement blanche sans donner l'impression de se moquer du monde ?
Parce qu'il interdit à ses personnages de parler pour une bonne raison, et non par simple caprice d'auteur pseudo-révolutionnaire ?
Parce qu'il ne fait pas peur à ses fans dès qu'une de ses séries semble ne jamais devoir s'arrêter ?
Parce qu'il parvient à surprendre au douzième tome alors que d'autres lassent dès le troisième ?
Parce qu'il peut passer du thriller au roman d'espionnage et de la science-fiction au récit intimiste dans une même série sans la dénaturer ?
Parce que ses héros ne sont pas de simples marionnettes, mais des êtres humains que l'on apprend à connaître et à aimer ?
Parce que rien n'est jamais gratuit chez lui, et que la cohérence de ses univers n'est jamais prise en défaut ?
Parce que toute sa maîtrise technique, ses cadrages fous et son inventivité sont toujours au service d'une histoire ?
Parce que partant du principe que tout ne doit pas être expliqué, il ne prend pas ses lecteurs pour des imbéciles ?
Parce qu'il donne à l'épure ses lettres de noblesse, retirant de ce Capricorne-ci tout ce qui est superflu ?
C'est un peu tout cela à la fois. Mais ce n'est pas tout. Andreas est un génie de la bande dessinée parce que... parce que c'est Andreas, unique, seul au monde, inégalable mais égal à lui-même. Le reste n'est que littérature.
Et ce douzième Capricorne ? Une simple pirouette de plus, en attendant la suivante...
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PFFIOUU... Difficile de trouver un album bon chez un autre auteur quand on lit l'oeuvre de Andreas! JU BI LA TOIRE ! L'absence de texte et les clins d'oeil (auto-citation, signes...) disséminés dans l'album créent une sorte de complicité entre Andreas et le lecteur, on sourit en coin tout du long et on admire...
C'est avec ce genre d'album que l'on se rend compte à quel point Andreas est un auteur hors-norme. Le mec a l'audace de nous proposer un album sans couverture, sans titre, sans texte ! Une histoire entièrement muette (la raison de cette absence de phyllactère, dévoilée planche 8, est d'ailleurs tout bonnement géniale) mise en image de manière grandiose (les décors de vastes étendues enneigées sont envoûtants).
Un album là-encore transitoire mais diablement original, et qui renoue qui plus est avec le côté thriller / fantastique de la série.
Il l'a fait !
Il s'y était déjà essayé sur quelques pages dans "Raffington Event, détective privé", mais là, il s'est lâché (retenu plutôt ?) sur la totalité de l'album : pas une parole, pas une bulle, pas un cartouche d'explication, même pas de titre, rien, pas un mot ; cet album resplendit de mutisme neigeux. Et ça fonctionne, en complète cohérence avec les albums précédents. Andreas nous ouvre les portes du pays blanc et envoie Capricorne à la conquête de clés pour nous faire vivre un grand moment de bande dessinée.
Au 12 ème tome de sa série, quand beaucoup de ses confrères auraient mollement assuré sur les bases déjà solidement installées, Andreas continue de prendre des risques pour mieux interpeller ses lecteurs.
Ô Génie qui titille ma curiosité, agace ma logique et bouleverse mes attentes, je te vénère, à genoux dans la neige !