Emily the Strange est plus qu'un phénomène de mode, c'est un véritable symbole qui a déjà séduit un public innombrable. La voici qui débarque en version française avec un premier tome publié par Soleil, Ennui mortel. Qu'on ne s'y trompe pas, cette petite fille au teint diaphane et aux cheveux noirs est avant tout un produit marketing, créé à la base pour promouvoir une ligne de vêtements. De ce point de vue, succès garanti avec un style gothique tout de rouge et de noir, très tendance auprès d'une certaine frange de la population plus adolescente qu'adulte. Design irréprochable, donc, et cela vaut aussi pour la BD qui présente un graphisme très soigné et très varié, un peu comme l'a fait Run dans Mutafukaz. La comparaison s'arrête là car, s'il peut paraître original à première vue, le look de notre Miss Darkness est surtout très ciblé, voire racoleur.
Emily the Strange s'affirme ainsi comme la nouvelle incarnation de la contre-culture et du non-conformisme, allant jusqu'à y ajouter une pointe de nihilisme. De quoi plaire, sans l'ombre d'un doute, à l'heure où l'on préfère Slipknot à Slayer ou Black Sabbath, et où les plus jeunes craquent tous (et surtout toutes) pour Tokio Hotel. On est bien loin d'icônes telles que The Cure et autres Alice Cooper... Il n'empêche, les faits sont là : le style goth fait des ravages et rallie sans cesse de nouveaux adeptes. Jusqu'à y perdre son âme ? A force de le voir mis à toutes les sauces, on est en droit de se poser des questions. Et Emily dans tout cela ? Qu'est-ce qu'elle a de si contestataire ? Rien. Ses créateurs en ont fait un pur produit commercial, d'ailleurs arboré fièrement par des stars du show-biz, dont la BD n'est qu'un produit dérivé au même titre que le T-shirt ou le porte-clefs.
Emily the Strange, pour quoi faire finalement ? Au-delà d'une ode au "dark world" si cher à un Marilyn Manson prenant véritablement part à l'album, il est difficile de voir ce que les auteurs ont voulu faire. Ce n'est pas drôle, ce n'est pas si gore que cela et d'autres productions parviennent à être plus sombres et morbides avec moins d'effets bon marché. Il faut croire qu'Emily est tombée dans les mêmes travers que son Antechrist Superstar préféré, à savoir de trop se soucier des apparences et d'oublier de délivrer un vrai message ou simplement un produit de qualité. Il est vrai que l'univers du hard rock n'en est pas à son premier revers de fortune après qu'Ozzy Osbourne se soit compromis avec MTV...
Emily the Strange, qu'en penser en fin de compte ? Simple poupée de pacotille qui se vautre dans le vice qu'elle est censée dénoncer. Simple épouvantail sans âme.
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